Un Britten-Norman Islander BN-2A exploité par Air Polynésie (ex-RAI avant 1970) et filiale de UTA ; en concurrence jusqu’en 1987 avec Air Tahiti. De gauche à droite, on aperçoit vers l’avant de l’avion, le pilote Mr Lebail , puis l’homme au tricot bleu était peut-être le médecin de l’île et à côté de lui Pierrot Tata alors responsable de la tour de contrôle. Photographie de Adolphe Sylvain (~1978)
La fin de 1970 et le début de 1971 ont été marqués par une augmentation très active des ordres de commandes de l’Islander BN-2A et au cours du dernier trimestre, plus de trente avions furent livrés dans diverses parties du monde.
La simple et bonne raison de ce succès ininterrompu malgré la situation économique de cette période, c’était l’aptitude avérée de l’Islander comme avion de transport régional capable de créer et de construire de nouvelles routes ; de produire du trafic et de générer une nouvelle demande subséquente pour de nouveaux appareils.
Aurigny dans les îles anglo-normandes est un bon exemple pour étayer cette explication, après avoir bâti une flotte de huit Islanders en seulement deux ans et demi et à un coût total bien au-dessous que de n’importe quels autres bi-turbopropulseurs. Avec une haute fréquence de rotations, Aurigny envisageait avec confiance d’atteindre les 150.000 passagers en 1971.
La compagnie North Cay opérant à San Juan (Porto Rico) faisait le même constat économique avec l’Islander dans une zone auparavant considérée comme ayant une portée très limitée pour des lignes régulières. North Cay commandait en 1970, quatre autres Islanders à ajouter à sa flotte déjà constituée de quatre Islanders.
Fly to the South Sea Islands poster promoting the Pacific Cruisebird Service, c1954-1958.
This poster is based on a 1930s Pan American design with the substitution of the Sandringham VH-APG. Courtesy of the family of Sir Gordon Taylor via the Museum of Sydney. Le 30 septembre 1970, le Bermuda, dernier hydravion connu des Polynésiens, effectue son dernier vol. Construit en 1944, il avait été acheté par la Réseau Aérien Interinsulaire en 1958.
En 1969, deux Islanders ont quitté Biggin Hill pour un vol de convoyage de 15 000 milles en direction de Papeete.
Air Tahiti a été fondé par un groupe d’hommes d’affaires tahitiens afin de rivaliser avec la compagnie RAI (Réseau Aérien Interinsulaire, une filiale d’UTA : Union de Transports Aériens) et une partie de sa flotte composée d’un De Havilland Twin Otter et un Hydravion Sandringham Bermuda.
Le principal trajet se situait entre Papeete et Moorea, l’île la plus proche de Tahiti à distance d’un peu plus de dix miles, loin des étapes de 2 000 miles réalisés lors des vols de convoyage. Les pilotes embarquaient avec eux pour l’avitaillement, quatre ou cinq fûts de carburant contenant chacun 45 gal. Le voyage durait trois semaines, avec de multiples escales, en passant par les Indes
Les Islanders d’Air Tahiti se mirent au travail et, bien que la nouvelle compagnie aérienne ait été aidée dans une certaine mesure, face à la concurrence française, par son attrait évident pour la population locale , le trafic qui s’est bientôt développé a été créé par quelque chose de plus positif que tout sentiment de patriotisme.
Une temps de blocage de douze minutes sur le trajet Papeete-Moorea et la capacité de l’Islander à être rentable pour l’opérateur avec moins des passagers, ont permis à Air Tahiti de fournir un service rapide, et de haute fréquence qui sur cette sorte de trajet était en 1971, pas possible avec autre appareil de capacité similaire ou supérieure.
« Le B-N2 est un avion rustique » raconte Jean Gillot ancien pilote et DG de Air Moorea, « il est simple, il peut s’arrêter en 200 m et il est contrôlable dès qu’il est en l’air« . Avec son moteur à carburateur, il est bien plus à l’aise avec les démarrage à chaud qu’un moteur à injection et donc idéal pour les sauts de puce.
Britten-Norman BN-2A-8 Islander – Air Moorea – Copyright Eduard Marmet (1988) airliners.net
En septembre 1970, Air Tahiti a été en mesure de prendre livraison de deux autres Islanders pour faire face à une demande croissante des services d’approvisionnement alimentaires dans certaines des îles les plus éloignées de Tahiti. Peu de temps avant UTA avait déposé une commande auprès de Britten-Norman pour deux appareils et, en octobre, les deux Islanders livrés à la nouvelle compagnie Air Polynésie succédant à la RAI quittaient Bembridge pour Tahiti. (The airport Bembridge is home to the aircraft manufacturer Britten-Norman, part of the B-N Group which operates the airport).
En 1971, c’était alors le seul cas où les Islanders d’une compagnie aérienne sont en concurrence sur la même route avec ceux de l’autre compagnie.
Cependant Air Polynesie n’était pas la première à introduire l’Islander à UTA. Il était déjà en service avec Transgabon à Libreville (Afrique Ouest) quand UTA commandait la compagnie aérienne au début de 1969 et deux Inslanders ont commencé des opérations pour Air Calédonie en Nouvelle Calédonie plus tard la même année. Une mission conjointe du consortium Qantas-UTA était derrière la réussite de la compagnie Air Hébrides et en 1970 cinq Islanders ont été achetés pour la desserte
Entre 1969 et 1990, Air Moorea a ainsi fait venir neuf B-N2. Les trois derniers B-N2 encore exploités par Air Moorea ont été enlevés de la liste de flotte à l’arrivée du dernier Twin Otter. Il fallait se rendre à l’évidence : les B-N2 sont devenus trop petits pour le transport de passagers internationaux. Le Twin Otter est plus rentable.Il peut embarquer au moins deux fois plus de passagers et marche au « jet fuel » et non à l’essence. Le B-N2 était adapté pour le transport de passagers locaux qui se déplacent avec peu de bagages, mais ne l’est plus pour des passagers qui viennent de loin. Le B-N2 a pourtant encore un longue vie devant lui : il est toujours en exploitation dans de nombreux pays.
Sources et compléments :
Quand la desserte insulaire ouvre ses ailes :
les_debuts_d-air-tahiti.1277651562.pdf
Pacific island Islanders : pacific_island_islanders.1277651619.pdf
Fin de l’exploitation des B-N2 :
fin_exploitation_britten-norman-islander.1277651513.pdf