Création de la communauté de communes des Marquises

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Une première

Pour la première fois au sein d’une collectivité territoriale française, est créée par arrêté du Haut-Commissaire n° 867 /DIPAC du 29 novembre 2010 une communauté de communes insulaire dénommée « Communauté de communes des Iles Marquises » (CODIM). Il s’agit d’une démarche pionnière qui a démarré, il y a de cela presque 2 ans, à l’initiative des élus de l’archipel des Marquises regroupant les communes de Fatu Hiva, Hiva Oa, Nuku Hiva, Tahuata, Ua Huka, Ua Pou.

Un espace de solidarité et d’aménagement de l’espace

La communauté de communes des Iles Marquise a pour objet d’associer les communes membres au sein d’un espace de solidarité en vue de l’élaboration d’un projet commun de développement et d’aménagement de l’espace, de favoriser le développement économique de son territoire, de mettre en oeuvre de façon coordonnée les infrastructures et les équipements collectifs jugés nécessaires et de gérer les services communs qui s’avèreraient utiles à l’exercice de leur ses compétences.

Parmi les compétences obligatoires, la communauté de communes des Iles Marquise pourra entreprendre des actions telles que :

  • l’élaboration d’un schéma de développement touristique (mise en valeur des ressources touristiques, localisation et restauration des sites historiques), la création et l’aménagement des chemins de randonnée d’intérêt communautaire… ;

  • l’organisation et la promotion des filières économiques dans les domaines de l’agriculture, du bois, de la pêche et de l’artisanat, l’identification de zones d’activités, la gestion d’équipements structurants tels que ateliers-relais, marchés communaux.

Elle exercera des compétences optionnelles en matière :

  • environnementale et de services publics : promotion d’une agriculture durable, mise en oeuvre du service du traitement de déchets et de l’assainissement des eaux usées ; politique de protection des ressources en eau potable… ;

  • culturelle : projet de classement des Marquises à l’UNESCO,
  • de transport : participation à la réalisation d’un schéma de transport maritime entre les îles de la communauté.

Dans les compétences complémentaires la communauté de communes des Iles Marquise a opté pour la gestion du parc informatique et bureautique ainsi que le conseil juridique et l’appui administratif aux communes.

Une procédure réglementée

La création de cette communauté de communes a été rendue possible dès lors que les maires des communes en ont exprimé la volonté au représentant de l’Etat.

Au bout d’un délai de 2 mois à compter de la réception de la 1ère délibération transmise par une des communes concernées, le Haut-Commissaire a pris le 27 mai 2010 un arrêté fixant le périmètre géographique de la communauté de communes.

Ensuite, les communes disposaient d’un délai de 3 mois pour se prononcer et pour adopter les statuts de la communauté. Dans le même temps, elles ont saisi le Pays pour demander le transfert des compétences souhaitées, transfert qui s’est concrétisé par deux arrêtés pris enconseil des ministres les 9 et 23 novembre 2010.

L’arrêté de création du Haut-Commissaire du 29 novembre 2010 approuvant les statuts de la communauté est l’aboutissement de la procédure.

La création d’une communauté de communes permet à la structure constituée de bénéficier d’une dotation globale de fonctionnement (DGF) versée par l’Etat et qui est bonifiée dans le cas de communes dispersées, comme celles des îles Marquises.

Copyright : Infopresse Haut-Commissariat de la République en Polynésie Française

KAOHA NUI – CARNET DE VOYAGE AUX ÎLES MARQUISES – SÉBASTIEN LEBÈGUE

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     Grandioses, majestueuses, secrètes et fascinantes… les qualificatifs ne manquent pas pour décrire les îles Marquises, cet archipel du bout du monde, la Terre des Hommes…

     C’est à bien davantage, à une plongée au sein même de la vie marquisienne que nous invite Sébastien Lebègue  – globe-trotter, dessinateur, écrivain, photographe  –  à travers ce carnet de voyage, témoignages intensément vécus, au gré de ses pérégrinations, des randonnées et chevauchées ; au hasard des rencontres nombreuses et chaleureuses, vraies toujours, des moments de contemplation, des rêveries aussi…

     Nous vivons l’accueil marquisien et partageons des moments avec les familles ; nous vibrons au rythme du ukulele et des pahu lors des répétitions du grand festival de danse ; nous sentons le poisson grillé à même les pierres nous chatouiller les narines ; nous ressentons l’effort retenu du sculpteur incisant la pièce de bois de sa gouge minutieuse, et celui des chevaux crapahutant dans les rochers à la recherche de traces du passé…

     Ka’oha nui, ce livre est avant tout une aventure humaine, intense ; une découverte culturelle, riche ; et un ouvrage… à feuilleter, doucement ; à déguster, avec gourmandise ; pour partager, à petits pas, le vécu marquisien et les émotions du voyageur…

     L’écriture, précise, descriptive, soutenue par des dessins bien documentés et des aquarelles étalées sur le vif qui s’offrent en de larges doubles pages, nous emmène à croquer chacun de ces instants.

     L’auteur, Sébastien Lebègue, plasticien, photographe et enseignant en arts appliqués a vécu à Tahiti de 2003 à 2007. Il est actuellement installé au Japon. Son travail personnel l’oriente vers une recherche d’une image mémoire que l’on pourrait comparer à la matrice de nos souvenirs. Il tente de quérir un moyen de toucher le moment et de présenter sur un support ses rencontres et partages, ses découvertes culturelles, les moments de vie simple où les sens sont en éveil, où la nature montre sa grandeur. Cela, il le traduit sous diverses formes : des carnets dessinés et annotés, reportages graphiques et photographiques, qu’il propose en lecture ou en espace lors de ces expositions.

    Il révèle ainsi aux spectateurs ses sensations ou visions impalpables du moment, pour les emmener vers une lecture personnelle et vers l’éloignement de l’oubli.

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Première édition 17/10/2010 Format  228 x 223 mm – 366 pages – Couverture cartonnée reliée cousue ISBN  9782915654615

Si vous souhaitez trouver ce livre chez un libraire près de chez vous, cliquez ici

Aux Marquises, le hic du réseau numérique c’est qu’il est en rideau

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Allô, allô, Mana, quelles nouvelles

sans adsl depuis quinze jours,

Au bout du fil je vous appelle

Que trouverai-je à mon retour ?

Tout va très bien, aux îles Marquises
 

Tout va très bien, tout va très bien
 

Pourtant il faut, il faut que l’on vous dise
 

On déplore un tout petit rien

Un incident, une bêtise,

un sort, votre connexion s’éternise

Mais à part ça, aux îles Marquises

Tout va très bien, tout va très bien !

 

 

     Les  internautes des îles Hiva Oa et Ua Huka connaissent des perturbations importantes dans leur accès Internet depuis le 3 septembre 2010.  

     Depuis plus de deux mois ils se plaignent d’une connexion très mauvaise (coupures fréquentes, extrême  lenteur ou grande faiblesse du signal rendant les mises à jour impossibles et les téléchargement impraticables. Mais depuis une dizaine de jours, ces deux îles  sont parfois complètement coupées du signal ADSL . « Mana » – la filiale de l’OPT – a finalement opté pour la réactivation de  l’ancien système en attendant que la liaison haut débit soit fonctionnelle.

     

     La direction générale de l’OPT dans une communication adressée aux usagers :

     « Ces dysfonctionnements sont dus à une défaillance technique de la transmission par satellite haut débit, que nous appelons communément VSAT HD.  Après investigations, il est finalement nécessaire de remplacer la totalité de la chaîne de transmission de l’antenne satellitaire. Les cas de Hiva OA et Ua Huka sont isolés et nos techniciens sont à pied d’œuvre afin de rétablir un fonctionnement optimal de la liaison par satellite

     Nous souhaitons cependant préciser que la technologie VSAT est une technologie éprouvée qui fonctionne parfaitement dans 30 îles non desservies par le câble.

     Grâce au VSAT HD, tous les abonnés MANA des archipels des Tuamotu-Gambiers, Marquises et Australes sont sur les offres ADSL NO LIMIT lancées le 1er septembre dernier, et bénéficient d’un Internet plus rapide, illimitée et moins cher… »

    

 

    Sauf que, depuis, la connexion semble toujours des plus fantaisistes pour les internautes de Hiva Oa. « Mana a inventé le routeur clignotant, rouge, vert, rouge, très pratique pour les boîtes de nuit, mais inutile pour accéder à Internet », déplore Eric Olivier, webmestre du site web du comité de tourisme de Hiva Oa, qui se plaint que la société qui commercialise l’accès Internet en Polynésie française « se serve de notre ligne pour faire des essais ».

     « La ligne utilisée pour Hiva Oa n’a même pas été qualifiée et Hiva Oa sert de cobaye aux expériences de Mana », s’exaspère encore Eric Olivier, qui a souhaité contacter les médias pour exprimer le ras le bol des internautes de cette île des Marquises.

Source : http://tahitipresse.pf/2010/09/connexion-internet-des-problemes-sur-le-reseau-a-hiva-oa/

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En septembre, Sébastien Lebègue expose à Sapporo (Japon) ses photographies et carnets de voyage « au cœur des Marquises ».

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     L’Alliance Française de Sapporo – Japon – présente, du 4 au 25 septembre 2010, l’exposition « AU CŒUR DES MARQUISES » : carnets de voyage et installations photographiques de Sébastien Lebègue. Le jeudi 9 septembre de 14h à 16h, l’artiste proposera un cours de cuisine polynésienne suivi d’une dégustation. Le vendredi 10 septembre de 18h30 à 20h30, il tiendra une conférence sur la vie polynésienne et marquisienne, en première partie d’une grande soirée polynésienne avec buffet, danses, et projection de photos et dessins. 

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     Sur son site web, Sébastien Lebègue écrit :

     « Lors mon séjour aux Marquises en octobre et novembre 2007, parallèlement aux écrits et aux dessins, je photographie le quotidien. »

 

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     « Les photographies ci-dessous se présentent sous la forme d’un carnet de voyage. Chacune des compositions illustre un moment, un environnement qui souvent s’ouvre à 360°, et bien entendu des rencontres avec les Marquisiens de tout âges qui m’ont fait partager leurs moments de vie, leur nature, et fait vivre à mon tour, les Marquises. »

 

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     « Je propose une lecture de ces histoires comme je les ai moi-même vécu. J’ai essayé de recréer l’atmosphère ambiante générale du moment. Il est lié à la géométrie, à la lumière, et à la couleur des lieux ; les acteurs se placent selon l’intensité des échanges et des ancrages dans ma mémoire ; le temps est fixe, bref ou prolongé, et est ponctué d’instants. »

 

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     « Les moments que l’on peut vivre dans le quotidien sont marqués par ces instants plus fort, plus beau. On peut parler alors d’instant photographique unique. Mais pour moi, l’événement d’une rencontre est une suite de ces instants. De chacun émerge une expression, un regard, une lumière ou une action particulière, qui juxtaposés, traduisent l’atmosphère générale du vécu. »

 

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Vous pouvez consulter le site de Sébastien Lebègue  ici

Source :

http://www.sebastienlebegue.com/B09b-Carnet-de-voyage-MARQUISES.htm

Copyright  : http://www.sebastienlebegue.com – Copyright © 1998/2010 – tous droits réservés. Publié avec l’aimable autorisation de l’artiste

Un « Britten-Norman BN-2A Islander » de la RAI assurait la desserte des îles Marquises

britten-norman_islander_aeroport-ua-pou-vers-1978.1277646908.jpg      Un Britten-Norman Islander BN-2A exploité par Air Polynésie (ex-RAI avant 1970) et filiale de UTA ; en concurrence jusqu’en 1987 avec Air Tahiti. De gauche à droite, on aperçoit vers l’avant de l’avion, le pilote Mr Lebail , puis l’homme au tricot bleu était peut-être le médecin de l’île et à côté de lui Pierrot Tata alors responsable de la tour de contrôle. Photographie de Adolphe Sylvain (~1978)

La fin de 1970 et le début de 1971 ont été marqués par une augmentation très active des ordres de commandes de l’Islander BN-2A et  au cours du dernier trimestre, plus de trente avions furent livrés dans diverses parties du monde.

La simple et bonne raison de ce succès ininterrompu malgré la situation économique de cette période, c’était l’aptitude avérée de l’Islander comme avion de transport régional capable de créer et de construire de nouvelles routes ; de produire du trafic et de générer une nouvelle demande subséquente pour de nouveaux appareils.

Aurigny dans les îles anglo-normandes est un bon exemple  pour étayer cette explication, après avoir bâti une flotte de huit Islanders en seulement deux ans et demi et à un coût total bien au-dessous que de n’importe quels autres bi-turbopropulseurs. Avec une haute fréquence de rotations, Aurigny envisageait avec confiance d’atteindre les 150.000 passagers en 1971.

La compagnie North Cay opérant à San Juan (Porto Rico) faisait le même constat économique avec l’Islander dans une zone auparavant considérée comme ayant une portée très limitée pour des lignes régulières. North Cay  commandait en 1970, quatre autres Islanders  à ajouter à sa flotte déjà constituée de quatre Islanders.

bermuda_f-obip.1277652068.jpgFly to the South Sea Islands poster promoting the Pacific Cruisebird Service, c1954-1958.
This poster is based on a 1930s Pan American design with the substitution of the Sandringham VH-APG. Courtesy of the family of Sir Gordon Taylor via the Museum of Sydney. 
Le 30 septembre 1970, le Bermuda, dernier hydravion connu des Polynésiens, effectue son dernier vol. Construit en 1944, il avait été acheté par la Réseau Aérien Interinsulaire en 1958.

En 1969, deux  Islanders ont quitté Biggin Hill pour  un vol de convoyage de 15 000 milles en direction de Papeete.

Air Tahiti a été fondé par un groupe d’hommes d’affaires tahitiens afin de rivaliser avec la compagnie RAI (Réseau Aérien Interinsulaire, une filiale  d’UTA : Union de Transports Aériens) et une partie de  sa flotte composée d’un De Havilland Twin Otter et un Hydravion Sandringham Bermuda.

Le principal trajet se situait entre Papeete et Moorea, l’île la plus proche de Tahiti à distance d’un peu plus de dix miles, loin des étapes de 2 000 miles réalisés lors des vols de convoyage. Les pilotes  embarquaient avec eux  pour l’avitaillement, quatre ou cinq fûts  de carburant contenant chacun 45 gal. Le voyage durait trois semaines, avec de multiples escales, en passant par les Indes

Les Islanders d’Air Tahiti se mirent au travail et, bien que la nouvelle compagnie aérienne ait été aidée dans une certaine mesure, face à la concurrence française, par son attrait évident  pour la population locale , le trafic qui s’est bientôt développé a été créé par quelque chose de plus positif que tout sentiment de patriotisme.

Une temps de blocage de douze minutes sur le trajet Papeete-Moorea et la capacité de l’Islander à être rentable pour l’opérateur avec moins des passagers,  ont permis à Air Tahiti de fournir un service rapide, et de haute fréquence qui sur cette sorte de trajet était en 1971, pas possible avec autre appareil de capacité similaire ou supérieure.

« Le B-N2 est un avion rustique » raconte Jean Gillot ancien pilote et DG de Air Moorea, « il est simple, il peut s’arrêter en 200 m et il est contrôlable dès qu’il est en l’air« . Avec son moteur à carburateur, il est bien plus à l’aise avec les démarrage à chaud qu’un moteur à injection et donc idéal pour les sauts de puce.

 britten-norman_airlinersnet.1277648425.jpg       Britten-Norman BN-2A-8 Islander – Air Moorea – Copyright Eduard Marmet (1988) airliners.net

En septembre 1970,  Air Tahiti a été en mesure de prendre livraison de deux autres Islanders pour faire face  à une demande croissante des services d’approvisionnement alimentaires  dans certaines des îles les plus éloignées de Tahiti. Peu de temps avant UTA avait déposé une commande auprès de Britten-Norman pour deux appareils et, en octobre, les deux Islanders livrés à la  nouvelle compagnie Air  Polynésie succédant à la RAI quittaient Bembridge pour Tahiti. (The airport Bembridge is home to the aircraft manufacturer Britten-Norman, part of the B-N Group which operates the airport).

En 1971, c’était alors le seul cas où les Islanders d’une compagnie aérienne sont en concurrence sur la même route avec ceux de l’autre compagnie.

Cependant Air Polynesie n’était pas la première à introduire l’Islander à UTA. Il était déjà en service avec Transgabon à Libreville (Afrique Ouest) quand UTA  commandait la compagnie aérienne au début de 1969 et deux Inslanders ont commencé des opérations pour Air Calédonie en Nouvelle Calédonie plus tard la même année.  Une mission conjointe du consortium  Qantas-UTA était derrière la réussite de la compagnie Air Hébrides et en 1970 cinq Islanders ont été achetés pour la desserte

Entre 1969 et 1990, Air Moorea a ainsi fait venir neuf B-N2. Les trois derniers B-N2 encore exploités par Air Moorea ont été enlevés de la liste de flotte à l’arrivée du dernier Twin Otter. Il fallait se rendre à l’évidence : les B-N2 sont devenus trop petits pour le transport de passagers internationaux. Le Twin Otter est plus rentable.Il peut embarquer au moins deux fois plus de passagers et marche au « jet fuel » et non à l’essence. Le B-N2 était adapté pour le transport de passagers locaux qui se déplacent avec peu de bagages, mais ne l’est plus pour des passagers qui viennent de loin. Le B-N2 a pourtant encore un longue vie devant lui :  il est toujours en exploitation dans de nombreux pays.

 

Sources et compléments :

Quand la desserte insulaire ouvre ses ailes :

les_debuts_d-air-tahiti.1277651562.pdf

Pacific island Islanders : pacific_island_islanders.1277651619.pdf

Fin de l’exploitation des B-N2 :

fin_exploitation_britten-norman-islander.1277651513.pdf

Infrastructures aéronautiques aux Marquises : 

infrastructures_aeronautiques_marquises.1277651665.pdf 

Origines de la défaillance persistante des moyens attribués à l’Hôpital de Taiohae, aux infirmeries des îles Marquises…

hopital-nuku-hiva.1277158299.jpg     Hôpital de Taiohae

Parmi les observations arrêtées au 16 juin 2004 par la Chambre Territoriale des Comptes sur la gestion de la Direction de la Santé Publique à partir de l’exercice 1991, un certain nombre d’entre elles éclaire d’un manière significative les causes des difficultés matérielles et humaines récurrentes rencontrées par les équipes médicales des îles Marquises.

Extraits du rapport :  

Parmi tous les domaines d’intervention des administrations territoriales, le secteur de la Santé est sans doute celui qui impose les plus grandes contraintes au service public. La contrainte la plus évidente est celle de la géographie : quoique plus de la moitié de la population totale de la Polynésie française réside sur l’île de Tahiti, l’importance des distances et la dispersion des usagers potentiels des services de santé ne peuvent qu’avoir de profondes conséquences sur l’organisation et le coût de l’offre de soins, d’autant que celle-ci, du fait des changements d’habitudes de vie et du vieillissement de la population, doit inéluctablement évoluer et prendre en compte de nouvelles spécialités et de nouvelles techniques médicales.

Dans le souci de répondre au mieux aux attentes en matière de santé publique, voire de les anticiper, le territoire a choisi dès 1995 de mener une réflexion stratégique, utilisant pour cela les instruments que sont les plans quinquennaux de santé et, plus récemment, le schéma territorial d’organisation sanitaire (STOS). Outre l’amélioration de la qualité des structures d’accueil et des soins qu’elles offrent, il a été décidé de développer la prévention et ainsi de rechercher une maîtrise de l’évolution des dépenses.

Les origines de la direction de la santé entraînent d’autres contraintes.

En effet, directement héritée du système militaire en place en Polynésie au début du vingtième siècle et modifiée ensuite au hasard des conditions créées par les choix opérés en matière de défense nationale, son organisation a été maintenue lorsque la responsabilité en a été confiée au Territoire.

Tirant les conséquences des dysfonctionnements constatés, et dans le souci de rationaliser au mieux l’emploi des crédits affectés à ce secteur, les autorités territoriales ont chargé dès 2000 la directrice de la Santé nouvellement nommée de proposer et de mettre en ouvre une organisation plus opérationnelle, accompagnant ainsi la restructuration de l’offre de soins décidée par le STOS.

Il convient  de rappeler que la direction de la Santé n’a parfois pas la maîtrise des crédits qui figurent sur les lignes budgétaires qui lui sont attribuées.

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Administration territoriale dépourvue de personnalité juridique, la Direction de la Santé ne dispose pas d’un budget en propre et les autorisations de programme ou les crédits de paiement affectés au secteur de la santé sont très largement supérieurs à ceux dont la direction a réellement la maîtrise.

Ainsi, pour 2001, sur les 33 milliards de Fcp que représentent les autorisations de programme ouvertes, plus de 28 concernent des opérations dont la réalisation est confiée au ministère de l’Equipement, et pour lesquelles la DSP voire le ministère en charge de la Santé n’ont au mieux qu’un rôle consultatif.

La juridiction financière avait cru devoir souligner les conséquences financières de cette pratique :

« Laissant le territoire décider à sa place des gros investissements, le CHT perd la maîtrise de sa politique à moyen et long terme. De plus, les équipements financés par un tiers et mis à sa disposition ne sont pas pris en compte dans le calcul des amortissements, ce qui entraîne une double conséquence :

* la minoration des charges réelles de fonctionnement, d’où une sous-évaluation des recettes correspondantes, en particulier de la dotation globale.

* l’absence de possibilité de renouveler sur ses fonds propres des équipements atteints d’obsolescence : en s’engageant sur cette voie, le CHT s’oblige par avance à faire de nouveau appel à des financements extérieurs ou à financer la totalité du renouvellement des équipements par l’emprunt.»

Quel que soit le périmètre financier réel de la direction en matière d’investissements, force est de constater qu’au cours de la période sous revue, de nombreuses opérations ont été initiées sans que leur faisabilité, les conditions de leur réalisation ou leur évaluation prévisionnelle n’aient été suffisamment étudiées. Ainsi en est-il des opérations dont la durée d’exécution apparaît comme exagérément longue, de celles pour lesquelles le montant des dépenses réelles est très éloigné de l’estimation d’origine, enfin de celles qui ont dû faire l’objet d’une annulation.

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A – Les opérations dont la réalisation s’est étalée sur une longue durée

Les programmes de travaux concernant les Marquises ont donné lieu à quatre ouvertures d’autorisations de programmes distinctes pour l’hôpital de Taiohae, et une cinquième concernant l’ensemble des infirmeries des Marquises.

a – Réfection du bloc opératoire de l’hôpital de Taiohae 

– Ouverture des AP sur l’exercice 1988 pour un montant de 518 248 000 Fcp  

– Premier paiement en 1989, solde réglé en 1996 soit une réalisation étalée sur 7 ans

– Montant total des paiements : 495 322 735 Fcp. Il s’agit des travaux réalisés à l’hôpital de Taiohae, destinés à encadrer la remise aux normes techniques du bloc opératoire. Ce programme s’est ultérieurement poursuivi.

b – Equipement du bloc de l’hôpital de Taiohae 

– Ouverture des AP sur l’exercice 1989 pour un montant de 45 000 000 Fcp

– Premier paiement en 1993, solde réglé en 2002 soit une réalisation étalée sur 10 ans

– Montant total des paiements : 42 074 326 Fcp

c Equipement du bloc de l’hôpital de Taiohae et équipements techniques formation

– Ouverture des AP sur l’exercice 1993 pour un montant prévisionnel de 43 330 000 Fcp  

– Premier paiement en 1994, solde réglé en 2001 soit une réalisation étalée sur 8 ans  

– Montant total des paiements : 21 971 788 Fcp soit 50,71% des prévisions

d Reconstruction de l’hôpital de Taiohae – 2ème tranche  

– Ouverture des AP sur l’exercice 1998 pour un montant prévisionnel de 360 000 000 Fcp  

– Premier paiement en 2000

– Montant total des paiements au 31/12/2001 : 25 033 246 Fcp. Des renseignements obtenus de la DSP, il ressort que la fixation d’un montant d’autorisations de programme a été prématurée, la présentation définitive du projet n’ayant été faite qu’en juin 2002, soit 4 ans après. Les travaux de gros œuvre n’ont d’ailleurs réellement commencé qu’en mars 2003. A ce jour, l’état de cette opération est le suivant :

– Montant des AP porté à 453 173 996 Fcp

– Montant total des paiements au 31/12/2003 : 281 548 443 Fcp

e – Reconstruction des infirmeries des Marquises

– Ouverture des AP sur l’exercice 1995 pour un montant prévisionnel de 122 000 000 Fcp  

– Premier paiement en 1995 ; opération en cours

– Montant total des paiements au 31/12/2001 : 84 589 443 Fcp.

Sept ans après le démarrage des travaux, cette opération (qui concerne 3 infirmeries) n’est réalisée qu’à hauteur de 70%. Il est d’ailleurs à craindre qu’il ne s’agisse là d’une situation définitive, le montant des AP ayant depuis été réduit à 90 000 000 Fcp tandis que le montant total des paiements demeurait inchangé au 31/12/2003.

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B – Les opérations soldées ou durablement interrompues pour des montants très inférieurs aux estimations

Matériel et mobilier hôpital de Taiohae

– AP ouvertes en 1992 pour un montant de 40 000 000 Fcp  

– Montant total des paiements : 17 514 359 Fcp, soit un taux de réalisation de 43,79% par rapport à l’estimation prévisionnelle.

A noter que, programmée en 1992, cette opération n’a connu de début d’exécution qu’en 1997. Sa réalisation partielle s’est de plus étalée sur 4 ans.

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C – Les opérations annulées

Un grand nombre d’opérations ont été purement et simplement annulées au cours de la période sous revue. Il s’agit notamment de :

1 – Rénovation de l’infirmerie de Puamau

– Montant des AP votées en 1989 : 25 000 000 Fcp.

– Annulation en 1992 (aucun CP consommé). En fait, l’opération a été reprise en 1995 et réalisée.

2 – Rénovation de l’infirmerie de Hane

– Montant des AP votées en 1990 : 10 000 000 Fcp.

– Annulation en 1992 (aucun CP consommé). En fait, l’opération a été reprise en 1995 et réalisée.

Qu’il s’agisse des opérations exécutées sur une période beaucoup trop longue ou de celles dont tout ou partie de la réalisation a été abandonnée, ces quelques exemples montrent l’impréparation des choix ayant entraîné l’ouverture des autorisations de programme et parfois le versement de l’aide financière de l’Etat, et le manque de suivi des décisions prises.

Sans méconnaître de possibles difficultés liées à la rareté, dans certaines îles, des entreprises susceptibles de se voir confiée la réalisation des équipements prévus, la Chambre constate que cette observation concerne en priorité des programmes destinés aux archipels les plus éloignés (Marquises, Australes…), ce qui amène à mettre en cause l’organisation centralisée de la Direction de la Santé publique.

Elle note donc avec intérêt le remplacement des huit circonscriptions médicales par cinq subdivisions dans le cadre de la réorganisation de la DSP et ne peut que souhaiter que cette réforme s’accompagne d’une véritable déconcentration des moyens et des compétences.

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L’amélioration  des prises en charge médicale dans les archipels éloignés : ce n’est pas pour demain.

Dans son dernier rapport (2001/2008), la CTC énonce les dérives du CHT : des données d’activité incomplètes, des chiffres faussés ou donnés sans commentaire d’où l’incapacité pour le centre hospitalier de la Polynésie française de prévoir son activité, des règles budgétaires et financières impropres à assurer la maîtrise de la dépense, des difficultés de recouvrement persistantes, quantification et  suivi des effectifs quasiment inexistants jusqu’en 2008, traitement des déchets hospitaliers toujours non résolue et un nouvel hôpital loin d’être au point….

Les charges de personnel (1 600 agents) représentent plus de 60% des charges de fonctionnement du CHPF. La gestion des ressources humaines (la direction des ressources humaines n’a aucune existence juridique) est rythmée par des conflits sociaux souvent longs dont découlent des conventions qui, la plupart du temps, maintiennent le statu quo sur plusieurs points sensibles en matière de recrutement, de rémunération et d’organisation du travail. Les accords sont parfois signés dans le non-respect de la compétence du conseil d’administration de l’établissement. Tout laisse à penser que les ingrédients d’un nouveau conflit peuvent être réunis à tout moment.

L’évolution erratique du nombre de postes nécessaires à l’hôpital entre 2005 et 2008 traduit une absence totale de gestion prévisionnelle des ressources humaines. La gestion des remplacements aboutit actuellement, faute d’une connaissance précise des besoins, à un écart d’environ 20% entre l’effectif autorisé et l’effectif rémunéré.

La gestion des mouvements de personnels et des éléments variables de la rémunération n’est pas transparente et engendre des dérives importantes ou des risques juridiques. L’examen des procédures de recrutement et de rémunération des médecins révèle quelques anomalies

Le montant des indemnisations des heures supplémentaires progresse, les effectifs employés progressent dans le même temps. Il est aussi remarquable que cette hausse continue des heures indemnisées s’effectue dans le cadre d’une durée légale du travail hebdomadaire de 39 heures. En fonction de l’indice de rémunération, certains agents peuvent percevoir jusqu’à 1,5 million de Fcfp d’heures supplémentaires par an. Les déclarations de 20 heures supplémentaires par semaine et chaque semaine ne sont pas exceptionnelles. Il ressort de cette première approche que dans un certain nombre de cas, les heures supplémentaires sont versées systématiquement et constituent un complément de rémunération forfaitisé. S’agissant du régime indemnitaire, ce ne sont pas moins de 32 primes, indemnités et avantages en nature différents versés aux agents, selon leur statut et leurs fonctions.

Au travers des primes (mais également des heures supplémentaires), il s’agit de rattraper les problèmes de disparités statutaires et de compléter ces statuts par des accessoires à la rémunération. D’une façon générale, les motivations qui président à ces versements ne sont pas suffisamment explicites et spécifiques. Il arrive également que ces attributions soient versées sans support légal.

À quelques mois de l’ouverture du nouveau centre hospitalier, aucune vue d’ensemble des surfaces complémentaires indispensables au fonctionnement et de leur coût n’est disponible. Malgré un bâti  surdimensionné excédant les normes admises, des constructions supplémentaires (de  6 000 à 7 000 m2) sont nécessaires pour satisfaire les besoins non pourvus du CHPF. Construit sans programme identifié, nécessitant des modifications importantes en cours de chantier, le nouvel hôpital de Taaone ne tient aucun compte de la nécessaire maîtrise des surfaces et des surcoûts d’exploitation qui découleront de cette absence de maîtrise.

L’exploitation technique suppose des changements radicaux. Les hypothèses du coût d’exploitation et de la maintenance en 2008 évaluaient un surcoût de 800 millions de Fcfp. L’ouvrage et ses installations, les équipements, y compris mobiliers offrent un niveau de technicité élevé. La planification de la maintenance, la variété des technologies mises en œuvre supposent un niveau et une variété de compétences dont l’hôpital ne dispose pas.

D’autre part, l’incidence des surcoûts liés à l’amortissement, à l’entretien et au renouvellement des biens n’est pas neutre et selon les hypothèses retenues pèsera soit sur l’hôpital et donc par ricochet sur la CPS, soit sur le budget de la Polynésie française. La question de la prise en charge par le CHPF des amortissements du nouvel hôpital, qui n’a pas été tranchée, ne peut toutefois pas être ignorée. Les surcoûts engendrés par l’installation prochaine du CHPF dans le bâtiment du Taaone peuvent donc être résumés comme suit : maintenance : 800 à 900 millions de Fcfp ; personnels : 450 millions de Fcfp ; dépenses médicales : 300 millions de Fcfp ; amortissements des seuls équipements : 1,4 milliard de Fcfp, soit un total de 2,9 à 3 milliards.

  

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Notre conclusion :

Tant que  durera cette gestion politico-administrative  héritée de l’ère postcoloniale, source de gaspillage et d’ inefficacité, les charges financières du nouveau CHT pèseront dorénavant et pour longtemps sur le budget de la Santé ne laissant guère entrevoir une amélioration rapide des prises en charge médicale dans les archipels éloignés.

Face à l’urgence, aux Marquises, quelques-uns  avec humour vous répondront : «  C’est urgent ? Ok, on verra ça hier ! »

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Cliquez sur ce lien pour accéder à la version complète et définitive des observations arrêtées le 16 juin 2004 par la Chambre territoriale des comptes sur la gestion de la Direction de la Santé Publique à partir de l’exercice 1991

Source : rapport_ctc-2004_dsp.1277159610.pdf

ctc_cht_2010.1277302468.pdf

CTC Rapport d’observations définitives/ Centre hospitalier de la Polynésie française/2001-2008

Liens :

Les urgences aux Marquises : une urgence à traiter (03/2008)

Appel aux secours auprès des reponsables politiques (01/2010)

Mouvement de grève à l’hôpital de Taiohae (06/2010)

L’hôpital de Taiohe

Grève générale en Polynésie française : grève suivie aux Marquises

greve_aux_marquises.1289670982.jpg   Photo TahitiPresse-DR

     Les structures de santé sont défaillantes aux îles Marquises. Une aggravation, depuis plusieurs années, des sous-effectifs de personnel devenus chroniques est le principal motif de la grève du corps médical de Nuku Hiva. Malgré de nombreux signaux de détresse lancés auprès des ministres de la santé des gouvernements successifs de la Polynésie française, les responsables de l’hôpital de Taiohae n’ont jamais jusqu’à aujourd’hui obtenu les moyens humains nécessaires et suffisant à la bonne marche des services de soins. Le tableau de bord des mois à venir laisse planer sur la population des îles Marquises des risques sanitaires absolument inouïes :

      – Aucun médecin généraliste à Nuku Hiva et Ua Pou dès fin juin et un seul médecin aux Marquises Sud à partir d’août.

     – Au bloc opératoire : deux infirmiers sur quatre dès fin juin 2010, un infirmier sur quatre à la mi-juillet et il n’y aura plus aucun infirmier fin juillet.

     – En hospitalisation : un infirmier sur deux. Fermeture partielle des lits de l’hospitalisation depuis décembre 2009.

Conséquences d’ici moins d’un mois, si rien n’est fait et rien n’est fait actuellement :

             – Fermeture de l’hôpital de Taiohae (plus de médecin, fermeture du bloc opératoire et donc aussi de la maternité). Seulement une infirmerie maintenue.

             – Fermeture du centre médical de Hakahau : maintien de l’infirmerie.

     – Budget de fonctionnement et d’investissement insuffisant et inadapté par rapport au minimum nécessaire.

Il faut savoir aussi que l’archipel des Marquises ne dispose plus depuis juin 2007, des navettes de l’hélicoptère (contrat non renouvelé) qui permettaient de sauver des vies (rapidité des « évasan »  en direction de Taiohae avant transfert éventuel vers Papeete et/ou la métropole; 133 évasans intra-Marquises en 2006).

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NB –  Les transferts financiers de la métropole en 2006 vers la Polynésie française correspondaient, selon la cour des comptes, à 590 millions d’euros  pour 260 000 habitants. 

Liens :

Un appel au secours auprès des responsables politiques de la Santé  – Lettre ouverte du personnel de santé (janvier 2010)

Les urgences aux Marquises : une urgence à traiter (03/2008)

L’hôpital de Taiohe

Origines des défaillances en moyens à l’hôpital de Taiohae

Situation identique à Moorea

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Marquises : Appel au secours auprès des responsables politiques de la Santé (voir Tahititoday.com)

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Lettre ouverte du personnel de santé :

Un appel au secours auprès des responsables politiques de la Santé

Aux Marquises, il existe une structure que l’on appelle « hôpital de Taiohae » ou « hôpital des Marquises ». Personne n’est en mesure de nommer officiellement cette structure et encore moins de confirmer son statut d’hôpital. Cette structure de Santé publique regroupe notamment les services suivant : hospitalisation (médecine, chirurgie, réanimation), maternité, bloc opératoire, consultations, urgences, prévention. Cette structure est la seule à proposer tous ces services pour l’archipel des Marquises.

Aujourd’hui, les effectifs ne permettent plus à cette structure d’assurer ses missions de santé.

– poste de Directeur gelé ;

– sur un effectif minimum de 3 cadres : cadre d’hospitalisation non remplacé depuis juillet 2009, surveillante générale en fin de contrat le 15/02/2010 avec prise d’effet le 08/01/2010 (congés) en attente de renouvellement et surveillant du bloc opératoire en arrêt maladie, donc absence totale de cadres à compter du 08/01/2010 ;

– sur un effectif minimum pour un fonctionnement normal de 18 infirmiers, seuls 12 infirmiers peuvent exercer ( sur cet effectif de 12, deux sont absents pour congés) ;

– sur un effectif minimum de 3 médecins, seul 1 médecin en poste et 2 itinérants se relayant ;

– sur un effectif nécessaire de 3 sages-femmes, seules 2 en poste dont une en instance de mutation pour le premier février 2010 ;

– le manipulateur radio en arrêt longue maladie non remplacé depuis le 14 décembre 2009 : absence de manipulateur radio sur l’ensemble des Marquises ;

– sur un effectif de 4 aides soignantes minimum, 3 en poste dont 2 en partance pour l’école d’infirmière ;

– sur un effectif minimum de 7 agents d’entretien, seuls 5 sont en poste ;

– la cellule « gestion des évasan » : agent en congé maternité non remplacée : activité reportée sur les secrétariats médicaux ;

– sur un effectif nécessaire de 3 personnes à la cuisine, seule une personne en poste. Il faut noter que les structures périphériques des Marquises (centres médicaux et infirmeries) sont dans la même situation.

nuku-hiva-evasan-06_2009.1263837681.jpg Rapatriement d’un marin coréen, victime d’un AVC au large des îles marquises – 2009

La conséquence directe de cette situation est dans un premier temps une diminution de l’offre de soins, plus de tournées médicales et d’obstétriques dans les vallées et autres îles des Marquises, plus de prévention, orientation des patients des autres îles vers Papeete (augmentation du nombre d’évasan, du coût et du risque pour les patients lors des transports), et dans un deuxième temps la qualité de la prise en charge des patients.

Pour les personnels en poste, la conséquence est une augmentation des tours de garde et d’astreintes, le report de congés programmés, le rappel sur réquisition pendant les congés, une charge de travail accrue et des patients qui attendent de plus en plus longtemps et qui finissent par s’en prendre aux personnels. Cette situation est aggravée par la non rémunération des indemnités de gardes, d’astreintes et autres depuis plus de six mois pour l’ensemble des personnels. Le tableau ne serait pas complet sans les problèmes budgétaires qui nuisent au fonctionnement matériel et technique de tous les jours.

Aujourd’hui les habitants des Marquises ne bénéficient plus d’une offre de soins acceptables de proximité. Certes une jolie structure doit ouvrir cette année à Tahiti, mais aussi performante soit elle, elle se trouve toujours à 1500 kilomètres et plusieurs heures d’avions voire de bateau. Ces conditions ne permettent pas une prise en charge des patients acceptable.

Le remède semble pas si difficile puisqu’il suffirait à l’administration de faire des contrats de travail dans les temps aux candidats qui attendent, et ils sont nombreux. Il faut au minimum deux mois pour faire un contrat !!! Ces délais sont inadéquats, d’autant plus que l’on réduit toujours les effectifs, ce qui empêche des redéploiements en cas de besoin.

Cette situation est trop grave et a trop duré. Pour ces raisons les personnels tirent la sonnette d’alarme, car nous sommes en dessous de l’acceptable. Ces personnels prennent beaucoup sur eux (les conflits avec les patients mécontents sont de plus en plus fréquents), mais aujourd’hui ils sont à bout de souffle. Ils sont inquiets de l’avenir, ils en ont ras le bol du provisoire et « du peut-être », et n’accepte plus d’être ignorés.

Habitants des Marquises, la fermeture de l’hôpital n’est pas une utopie. Habitants des Marquises, nous méritons beaucoup mieux que cela, alors, réagissez, réagissons, dans peu de temps, il sera trop tard et nous ne pourrons que pleurer.

Les personnels de « l’hôpital de Taiohae » et de « l’hôpital des Marquises »  (lettre transmise par un médecin) Voir l’article de la Dépêche de Tahiti.

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Epilogue : Grève à l’Hôpital de Taiohae

Iles Marquises :  » dossier Unesco, le fiasco  » un article de Marc Tarrats

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     L’archipel des Marquises classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, on en parle beaucoup depuis 2006, mais ce qui semblait un projet prometteur se transforme chaque jour un peu plus en un fiasco magnifique. Ou comment les responsables politiques sabotent leur propre demande…

     A force d’entendre dans les médias que l’archipel des Marquises sera bientôt classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, on finit par y croire. Et pourtant, c’est sans compter sur le pouvoir destructeur des politiciens à se tirer une balle dans le pied.

     En janvier 2006, le ministre Louis Frébault, de passage à Paris au siège de l’UNESCO, apprend que son archipel natal est déjà inscrit sur la liste indicative de la France, celle qui recense les biens de valeur universelle exceptionnelle susceptibles d’être proposés au classement du patrimoine mondial au cours des cinq à dix années à venir… Et que cette inscription date de… septembre 1996, notamment à l’initiative de Lucien Kimitete, le maire de Nuku Hiva disparu en avion au-dessus des Tuamotu, et de Dominique Cadilhac, administrateur d’Etat de l’archipel à l’époque.

     Treize ans plus tard, le dossier marquisien est toujours en lice pour une entrée future sur la liste du patrimoine mondial, mais les embûches sont nombreuses et les élus et responsables marquisiens aiment à s’en rajouter.

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     Le premier nœud de l’affaire était de savoir qui devait se prévaloir d’être le maître d’œuvre du projet. En effet, seuls les États-parties de l’UNESCO peuvent présenter une candidature au classement du patrimoine mondial. La France est un Etat-partie de l’UNESCO. La Polynésie française ne l’est pas. C’est donc bien la France, et en son nom, qui proposera le dossier marquisien, soutenu par différents partenaires comme les autorités locales (les communes) et régionales (le Territoire), des associations, des gestionnaires de sites, etc.

     Dès 2006, plusieurs personnes éminentes des comités UNESCO créés aux Marquises avaient suggéré à ce que ce soient les six maires de l’archipel, dans le cadre d’une association mise en place à cette fin, qui soient les porteurs du projet. Il s’agissait là de ne pas fragiliser la concrétisation de ce dernier par les soubresauts politiques du Territoire. L’État, le Pays et tout autre partenaire privé auraient accompagné le dossier en fonction des besoins.

     Mais voilà, la vanité du pouvoir et le sentiment d’éternité des ministres ont conduit les responsables marquisiens à confier le « bébé » au Pays. C’est Louis Frébault, « découvreur » de l’inscription de l’archipel sur la liste française, qui ouvrira le bal en prenant la direction du projet, profitant de son statut de ministre du gouvernement de la Polynésie française. En bon courtisan, il proposera à Oscar Temaru de devenir « naturellement » président du projet et se fera nommer très officiellement chef de projet.

     La stratégie était claire : flatter l’ego du président, récupérer des subventions territoriales et être sous les feux des projecteurs des médias sur un dossier à l’image plus que positive.

     Louis Frébault aura toutefois le mérite de mettre en place rapidement une équipe de travail qui, en sept mois, réalisera la première pierre du dossier : la rédaction des mémoires de Nuku Hiva et de Hiva Oa, ceux des autres îles devant suivre dans le courant de l’année 2007. Louis Frébault est d’ailleurs le seul à avoir amené le dossier aussi loin.

     Malheureusement, le projet ne pouvait s’accommoder de l’assaisonnement politique du ministre marquisien. Le mélange des compétences et des objectifs était flagrant : d’un côté, une association (pour recevoir des fonds territoriaux) sera constituée depuis Papeete avec des prête-noms à Hiva Oa pour composer le bureau ; d’un autre côté, l’expert-consultant, ancien directeur d’un service important de l’UNESCO, rétribué sur un contrat présidence, mais travaillant au ministère des PME ; enfin, un secrétaire général du projet, ancien colonel en retraite de l’armée de l’air, rémunéré, quant à lui, par le ministère des PME dans un premier temps, avant que l’association ne prenne la relève.

     Cette dernière nomination n’était pas le fruit du hasard. Elle coïncidait à l’époque avec la volonté de Louis Frébault de « voler », au profit de Hiva Oa, le projet d’aéroport international des Marquises à Nuku Hiva. Ainsi, le ministre des PME tenait de grandes réunions publiques aux Marquises où l’ex-colonel de l’armée de l’air, sous couvert de son implication à la candidature UNESCO, devenait la caution technique de la faisabilité d’un aéroport international à Hiva Oa.

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     C’est notamment ce mélange des genres qui conduisit l’équipe de travail aux Marquises à démissionner petit à petit. Dès lors, le projet s’en trouvera stoppé une première fois. Paradoxalement, lors des élections territoriales et municipales de 2008, nombre de candidats des Marquises se servirent du projet comme d’un thème de campagne.

     Par exemple, le nouveau maire de Hiva Oa, Etienne Tehaamoana, s’était engagé dans sa profession de foi à « œuvrer pour que l’élaboration de ce dossier soit placée sous la totale responsabilité des maires marquisiens ». Un mois plus tard, une partie de l’ancienne équipe de travail du dossier le prend aux mots et lui propose d’organiser une table ronde avec les cinq autres maires des Marquises. Non seulement le conseil municipal freina des deux pieds l’idée d’une candidature à l’UNESCO, mais en plus le premier magistrat de Hiva Oa préféra s’en remettre au Pays… contrairement à sa promesse !

     Le dossier avait cependant une seconde chance avec la nomination du maire de Ua Pou, Joseph Kaiha, au poste de ministre de la Culture du gouvernement Tong Sang. C’est malheureusement un second enterre­ment auquel il eut droit. Comme le dit le proverbe, on n’est jamais trahi que par les siens…

     Après de long mois à n’en rien faire, le ministre de la Culture échafauda une nouvelle structure de travail digne d’une usine à gaz. Là encore, courtisanerie et sentiment d’éternité le conduisirent à faire du président du Pays le réfèrent du dossier à l’échelon national. Joseph Kaiha, lui, devenait coordonateur du projet, avec sous son aile un comité de pilotage comprenant le président du Pays, 5 ministres, les six maires des Marquises, le président d’une fédération culturelle marquisienne, un représentant de l’Etat, un représentant de l’Assemblée et « des experts et des techniciens ». Pas moins de 17 personnes pour plus de simplicité et… d’efficacité ! Ce comité de pilotage chapeautant la fédération culturelle qui chapeaute elle-même un comité scientifique et un comité technique (à chaque fois une quinzaine de personnes).

     Il fallait faire plaisir à beaucoup de monde, et c’était chose faite. Il ne manque que ceux qui travailleront concrètement à la rédaction des projets et à la coordination des décisions à prendre au niveau local et régional (le Pays). Ces personnes n’apparaissent pas dans l’organigramme, mais elles sont dans le budget prévisionnel : 14 millions de francs (117 320 €) en 2009 pour les prestataires de services. Qui seront-ils ? A ce jour, ni les deux coordonnateurs initiaux du projet (à Nuku Hiva et à Hiva Oa) ni les comités de bénévoles (1) sur ces mêmes îles n’ont été recontactés… A moins que le Comité de pilotage ne souhaite faire appel à des cabinets d’études extérieurs à l’archipel. Mais attention à ne pas sauter une marche indispensable à la réussite du projet. Les recommandations de l’UNESCO sont explicites : « Les propositions d’inscriptions doivent être le fruit d’une participation d’une large gamme d’acteurs des sites, y compris les gestionnaires et les communautés locales ». Car préalablement au classement, des enquêteurs internationaux, mandatés par le Comité du Patrimoine mondial en charge d’évaluer les candidatures en dernier ressort, seront appelés à se rendre dans l’archipel pour ensuite témoigner. Que risquent-ils de voir alors ? Une population totalement indifférente à ce classement…

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     En effet, la seconde faiblesse de ce dossier, à ce jour, est d’avoir mis la charrue avant les bœufs. La population locale et les élus locaux ne sont pas préparés à assumer leur patrimoine selon l’idée de l’UNESCO. Hiva Oa est ainsi le porte-drapeau de l’oriflamme du désintérêt populaire pour la sauvegarde du patrimoine.

     Fin 2008, le maire de Hiva Oa avait demandé aux fonctionnaires de la direction de l’Environnement en mission de présenter à la population les plantes classées pestes végétales. Ils avaient alors souligné au premier élu que sa mairie et d’autres bâtiments communaux étaient fleuris de lantana (lantana camara), classées envahissantes (arrêtés n° 244 CM du 12 février 1998 et n°65 CM du 23 janvier 2006)… Quatre mois plus tard, la mairie est toujours fleurie de ces « bombes à retardement qu’il conviendrait d’éliminer rapidement avant leur possible expansion » selon les termes mêmes de la direction de l’Environnement. Les exemples du peu de considération pour le patrimoine naturel ou culturel ne manquent pas à Hiva Oa. Ainsi, le maire, encore lui, n’a toujours pas mis en place de représentants locaux au comité de gestion des îlots Mohotani et Fatu Uku où subsistent des plantes et des animaux endémiques, alors que la Direction de l’environnement l’a invité à le faire depuis plusieurs mois. Et que dire d’une conseillère municipale qui découvre un tiki en tuf rouge (2) de belle taille sur un de ses terrains et qui le ramène incognito chez elle pour en faire un nain de jardin ? Ou encore du service de l’Equipement qui verse des tonnes de terre sur un site archéologique situé sur un terrain communal sans que le maire s’en émeuve…

     Dans le même temps, le seul expert archéologique des sites marquisiens, Pierre Ottino, chercheur à l’IRD stationné à Nuku Hiva, est expédié dans d’autres contrées car le Territoire n’a même pas demandé à le maintenir à disposition dans l’archipel. C’est là une perte incommensurable pour la mise en valeur du patrimoine lithique de la Terre des Hommes, au regard de l’expérience accumulée par ce profession­nel éclairé (il a notamment un savoir-faire unique pour reconstituer pierre après pierre un paepae (3) tombé en ruine)…

     Seules les écoles semblent aujourd’hui se battre localement pour la défense du patrimoine. Citons le collège de Nuku Hiva, devenu en 2007 école associée au réseau UNESCO ou encore le collège Sainte Anne, qui a monté des « ateliers UNES­CO » à la rentrée 2008.

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     Ironie de l’histoire, la vanité des ministres et la passivité des maires de la « Terre des Hommes » va à l’encontre de leurs ambitions politiques. Durant toute la campagne des territoriales, les candidats de Te Henua Enana A Tu (Benoît Kautai, Joëlle Frébault et Joseph Kaiha), liste gagnante au premier tour avec presque 54% des suffrages, revendiquaient principalement une collectivité d’Outre-mer à part entière pour l’archipel. Ils ont donc réussi l’exploit de plomber ce qui pouvait être un atout dans leurs revendications séparatistes (à l’égard de « Tahiti Nui »). Que les six maires des Marquises aient été porteurs du projet d’inscription pouvait donner des ailes à leur justification identitaire, de l’espace sur la scène internationale pour convaincre de leurs différences avec Tahiti Nui et de leur capacité à se gérer.

     D’autre part, les élus marquisiens ont également péché par orgueil, convaincus que leur candidature s’imposait à la Polynésie française. Du jour où le dossier marquisien est sorti des cartons, les appétits d’autres archipels se sont ouverts.

     Ce fut un temps la volonté gouvernementale de mettre en place une grande candidature qui pourrait rassembler plusieurs sites : ceux des Marquises, Makatea (site historique industriel), Rangiroa (sa passe), etc. Puis ce fut au tour du site de Taputapuatea (Raiatea) de sortir du chapeau. Soutenu par la Jeune Chambre économique, ce dossier était lancé notamment par un certain Richard Tuheiava… aujourd’hui devenu sénateur. Et c’est là où l’orgueil marquisien risque bien de jouer des tours au dossier de la « Terre des Hommes ».

     Aussi bien ficelé soit-il, le dossier de Taputapuatea n’a aucune chance de gagner sa place sur la liste indicative de la France tant que le dossier marquisien y est. Richard Tuheiava le sait bien et n’a eu de cesse depuis trois ans de tenter un rapprochement des deux candidatures.

     En effet, vu la (mauvaise) avancée du dossier marquisien, le renommer en candidature de Polynésie française au titre des biens en série (c’est-à-dire de sites dispersés) pourrait être de moins en moins compliqué. La Commission nationale à Paris n’apprécie pas beaucoup les dossiers qui traînent en longueur (13 années pour les Marquises…) et qui privent d’autres sites d’une place enviée. Déjà, en début d’année, la Commission avait évoqué l’éventualité de supprimer les Marquises de la liste, sauvées de justesse par la représentante française de l’UICN (4)  qui insista pour son maintien.

     Alors débaptiser la candidature « Marquises » pour la renommer « Tahiti Nui » pourrait faire plaisir à de nombreuses personnes, localement mais aussi à Paris pour punir l’incompétence marquisienne. Et quand on est jeune sénateur, adoubé par le nouveau président de la Polynésie française et porteur du projet Taputapuatea, le pas à franchir pour ce changement d’étiquette semble désormais moins compliqué à obtenir…

     Les maires des îles Marquises seront-ils capables d’un dernier sursaut d’orgueil salutaire ? Si le dossier marquisien venait à couler en partie, l’indifférence serait assez grande dans l’archipel. Mais s’il survivait à ces turbulences, les élus locaux devront véritablement apprendre à gérer leur patrimoine naturel et culturel, particulièrement à Hiva Oa.

Marc Tarrats

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(1) Des comités UNESCO composés de bénévoles ont travaillé de mai 2006 à juin 2007 à recenser le patrimoine exceptionnel des Marquises. Plusieurs commissions les composaient : histoire, géographie, traditions et culture, faune, flore et archéologie.

 (2) Roche volcanique meuble, formée par accumulation  des cendres de lapilli et de blocs lors d’une éruption.  Une exposition à l’eau de pluie favorise l’installation d’agents biologiques qui conduisent à la dégradation, souvent rapide, des matériaux.

(3) Plate-forme de pierre rectangulaire surélevée.

(4) Union internationale pour la conservation de la nature

Article publié la première fois Version originale in TAHITI-PACIFIQUE MAGAZINE – Mars 2009 n° 215

Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur