ILE DE NUKU HIVA, Marquises . Après avoir effectué deux escales six jours plus tôt sur l’île de Nuku Hiva, l’Aranui 3 y est revenu, cette fois dans la baie de Hatiheu, sur la côte nord de l’île.Un paysage à couper le souffle, deux sites archéologiques et un festin marquisien Chez Yvonne sont à inscrire au carnet de bord.
Quelques centaines d’habitants vivent dans ce village donnant sur la baie.
Le cargo mixte mouille à quelques encâblures du quai. Toutes les trois semaines, comme dans les autres villages des six îles habitées de l’archipel des Marquises, le bateau apporte les biens commandés à Papeete (et emporte les produits exportés vers Papeete, sur l’île de Tahiti).
Cela concerne aussi bien les matériaux de construction, par exemple, que les produits alimentaires introuvables sur l’île.
La routine de l’accostage
Dès que l’on mouille l’ancre, commence entre le bateau et le quai le ballet des deux barges du bord, alimentées par deux grues qui extraient des cales et du pont les plateaux, conteneurs et caissons contenant le fret.
Sitôt ce travail effectué, les marins, de sympathiques gaillards, d’origine marquisienne pour la plupart, prennent leur poste les uns sur l’échelle de coupée, les autres à bord des deux baleinières –à moins que ce ne soit à bord d’une grande barge munie de banquettes, quand il n’y a pas de houle–pour le transbordement des passagers.
Le paysage qu’offre la baie de Hatiheu est spectaculaire. Tandis que la vallée est noyée dans les plantations de cocotiers, un côté de la falaise est orné d’une succession de pics découpés comme de la dentelle, dont les détails se révèlent au fur et à mesure que change la luminosité, sous un ciel facilement nuageux.
Sites archéologiques
Deux sites archéologiques d’importance se situent dans les hauteurs à quelques dizaines de minutes du village. Dans ces lieux, restaurés pour l’occasion, s’est déjà déroulé le Festival des arts des Marquises, une manifestation authentique et grandiose organisée tous les quatre ans.
(Le 7e Festival des arts, du 16 au 20 décembre 2007, affiche complet depuis longtemps, tant à bord de l’Aranui 3 que sur l’île de Ua Pou, où il doit se dérouler.)
Le premier des deux sites est le tohua de Hikokua, lieu de rassemblement où se déroulaient autant les cérémonies sacrées que les jeux et les danses dans la société polynésienne de jadis.
Un peu plus haut, le site de Kamuihei est tout aussi spectaculaire avec ses roches gravées (pétroglyphes) et son gigantesque banian (une variété de ficus), arbre sacré dans la société polynésienne, qui compte 400 ans d’âge et environ 14 mètres de circonférence.
La visite de ces lieux, à 20 minutes de marche l’un à l’autre, s’effectue aisément, surtout avec la température fort agréable de la matinée.
Comme à toutes les escales, les organisateurs de l’Aranui 3 proposent toutefois aux voyageurs une alternative à la marche, un service de navette en véhicule tout terrain.
Chez Yvonne
Le repas de midi organisé pour les passagers de l’Aranui 3 était prévu dans le seul restaurant du village. Yvonne est une maîtresse femme, restauratrice mais également mairesse de Hatiheu.
En guise de repas, ce fut un véritable festin, qui a réuni une centaine de passagers. Une vingtaine de croisiéristes avaient choisi de ne pas débarquer. Ils ne savent pas ce qu’ils ont manqué!
Un groupe composé d’hommes du village s’est mis à jouer de la musique (tambour, ukélés et guitares) et à chanter en marquisien (une langue différente du tahitien).
Aux abords du restaurant, deux employés s’affairaient à faire griller de la langouste.
Le four marquisien
Le grand moment, avant que le repas commence, était prévu pour midi et demi. Cela faisait alors près de quatre heures que cuisait le plat principal et il s’agissait d’ouvrir le four traditionnel polynésien.
À l’aide de pelles, les employés du restaurant ont raclé la terre qui couvrait le four, une fosse rectangulaire creusée dans le sol. Leurs gestes devenaient plus précautionneux au fur et à mesure qu’ils voyaient apparaître la toile de jute protectrice.
Puis, sont apparues les feuilles de bananier et de pandanus qui recouvraient les deux cochons et les fruits (bananes rouges et fruits de l’arbre à pain).
La technique de ce four consiste tout simplement à faire chauffer au bois dans la fosse des roches volcaniques poreuses (qui n’éclatent pas), lesquelles permettent de cuire à l’étouffée les aliments ainsi enterrés.
La viande de porc ainsi cuite et les légumes qui l’accompagnaient étaient succulents, de même que la langouste grillée. Les plats de poisson cru et de beignets de crevettes, qui tenaient lieu d’entrées, étaient eux aussi délicieux.
Yvonne, elle, pendant que l’on servait la centaine de convives, avait l’œil à tout.
Tout le monde a mangé de bon appétit. Même les passagers français n’en revenaient pas de cette qualité et de cette opulence…
Paul Simier – Journal de Montréal 2007
psimier@journalmtl.com