Maman les p’tits bateaux
Qui vont sur l’eau ont-ils des jambes ?
Mais oui mon gros bêta
S’ils n’en avaient pas
Ils ne march’raient pas
Va quand tu seras grand
Tu f’ras le tour du monde
Tu reviendras sûrement
Embrasser ta maman
Allant droit devant eux,
Ils font le tour de monde,
Et comme la terre est ronde
Ils reviennent chez eux.

Tandis que les petits écoliers de la vallée d’Hanavave apprenaient cette comptine, à moins d’un mile de là, un bonitier, avec pour seul équipage son propriétaire L_ de Hiva Oa, percutait violemment, et en plein jour, un jour d’avril, la falaise abrupte que vous voyez ici au centre de la photo.
Le pilote très profondément endormi à bord ne dirigeait plus son bateau qui décrivait de grands cercles sur lui-même sans inquiéter outre mesure les deux ou trois pêcheurs embarqués sur des speed-boats, un peu plus loin au large. Ils ont vus non sans étonnement le bateau se fracasser contre la muraille puis couler.
Ce n’est qu’une fois dans l’eau que le pilote du bonitier s’est ressaisi et s’est accroché à ce qui flottait quelques instants encore.
L’épave fut dès le lendemain tirée jusqu’au milieu de la baie d’Omoa pour y être définitivement immergée sans aucune possibilité de récupérer les deux moteurs neufs et les restes de la cabine furent brûlés sur le petit quai. Ceux qui passaient par là les jours suivants, purent voir le petit tas de cendres, unique preuve et insolent témoignage de la bêtise de l’homme à l’origine du naufrage.
Va quand tu seras grand, tu feras le tour de l’île et tu reviendras sûrement embrasser ta femme sans qu’elle te passe… cette fois un savon parce que tu aurais trop bu.
Post-scriptum. PY 11 99 coulé ! Vous pouvez voir ce bonitier en haut de la page, avant son naufrage.