TE PETO
Ua hee te peto
Ma he vaanui
Tihe io to īa kui
Ma te kaokao
Aè īa i kite
Ua kiiete īa
I to īa kui
Io he vaanui
Ua para te peto
Ma ùka he veo
Tihe i te tumu
Para io he kaù
CM2 Hakahau Ua Pou
Académie marquisienne 2002
Situées à 5500 km de Los Angeles, à 4000 km au sud de Hawaii, 7500 de Sydney, 6500 de Santiago du Chili, et à 1400 km au nord-est de Tahiti, les Marquises (archipel composé de 12 îles dont 6 sont habitées) sont les îles les plus éloignées de tout continent. Entre traditions et modernité, entre ciel et mer, Ua Pou, Hiva Oa, Nuku Hiva, Fatuiva (Fatu Hiva), Mohotani (Motane), Tahuata, Ua Huka et Eiao, les îles Marquises, Terre des Hommes, Te Fenua Enata, Te Henua Enana, the Marquesas Islands. Blocs de lave surgis du Pacifique, ces îles hautes composent un paysage dentelé à la beauté sauvage et envoûtante. Les Marquises s'offrent dans leur rudesse, brutales et authentiques…
TE PETO
Ua hee te peto
Ma he vaanui
Tihe io to īa kui
Ma te kaokao
Aè īa i kite
Ua kiiete īa
I to īa kui
Io he vaanui
Ua para te peto
Ma ùka he veo
Tihe i te tumu
Para io he kaù
CM2 Hakahau Ua Pou
Académie marquisienne 2002
Ils se nomment Enata, ils habitent des îles, joliment nommées îles Marquises, qui font partie de la Polynésie française.
Le lecteur trouvera dans cet ouvrage d’initiation des éléments historiques, la description de la langue, quelques phrases de conversation courante, les principaux traits culturels ainsi que deux lexiques, français-marquisien et marquisien-français.
Ecoutez ce chant marquisien adressé à un esprit malin du genre petit diablotin…
On peut classer les chants marquisiens en trois catégories :
Koakoa, le divertissement
Hahi, les louanges
Tapu, la religion
Le Ru’u (îles du nord de l’archipel) ou Rari, Nani (au sud) est un chant de divertissement.
Les hommes sont sur deux lignes, le genou gauche terre, l’épaule droite penchée sur le genou droit et la main droite sur la joue. Entre ces deux rangées d’hommes, les femmes sont assises sur les talons. Elles chantent rythmant la mélodie par le mouvement gracieux du corps, les gestes de la main, dans un parfait unisson. Un homme dirige le chant, lent, calme, telle une méditation.
« Le ru ‘u, est le seul type de chant qui ait survécu au grand naufrage de la culture marquisienne. Le genre est agonisant à Ua Pou, où il n’est connu que de quelques vieux, les jeunes préférant les « himene kita » (chants accompagnés à la guitare) d’inspiration tahitienne. Il se survit un peu mieux dans d’autres îles. Il s’agit de chants de circonstances destinés à commémorer un évènement (retour d’un combattant de la guerre de 14, d’un Marquisien libéré de prison) ou honorer une personne (une femme remarquable par sa beauté, ou un fonctionnaire en visite officielle, etc.) » écrivait H. Lavondès en 1965.
En 2009, à Ua Pou, la connaissance du ru’u est portée seulement par quelques spécialistes qui se comptent sur les doigts d’une main : Jospeh Kaiha, Toti, Etienne Hokopauko, Benjamin Teikitutoua pour l’écriture et pour le chant : Rosita la femme de Ben et Claire Ah-Lo.
Le ru’u est un chant de la vie composé par celui qui souhaite exprimer quelque chose d’un quotidien qui le marque particulièrement. Mais le sens du chant n’est pas accessible directement. Le ru’u est difficile à composer car les contraintes liées à la rime, au rythme et à la mélodie sont incontournables. Les mots sont déformés pour les rendre de prime abord, mélodieux mais provisoirement inaccessibles au sens. Il faut écouter le ru’u plusieurs fois pour identifier les mots ; il y a des mots qui n’ont pas de sens du tout, ils sont juste placés pour la rime ; il faut écouter, faire des hypothèses, mémoriser et chercher encore pour atteindre le sens. C’est une complainte, une histoire qui se présente sous une forme très imagée et énigmatique. Les Marquisiens, les Polynésiens en général aiment jouer et plaisanter. Le ru’u est une joute intellectuelle entre ceux qui le chantent et ceux qui l’écoutent. Lorsque l’on écoute le témoignage de ceux qui écrivent des ru’u, on a l’impression qu’ils ont les mêmes préoccupations que les vieux compositeurs de jazz : longue recherche du mot qui conviendra (parfois sur plusieurs semaines), savants arrangements de la mélopée, déformation calculée des sons (phonèmes) et des mots, réflexion sur le sens, le jeu et la communication ainsi que le ressenti de l’émotion.
Il y a presque un demi-siècle déjà, dans la vallée de Puamau à Hiva Oa, au centre du village mais un peu à l’écart – il y avait beaucoup moins d’habitations qu’aujourd’hui – vivait un homme qui chaque jour chantait un ru’u de sa composition que le voisinage écoutait pour deviner et connaître après moulte interrogations sur le sens de ses paroles, les nouvelles du jour ou de la nuit ! D’une manière embrouillée mais amusante, d’une manière savante mais cachée, il faisait savoir à son auditoire les dernières liaisons amoureuses et éphémères de la jeunesse de Puamau, les vraies et les fausses nouvelles, les bonnes et les mauvaises nouvelles, les tromperies et les ragots. Quand quelqu’un voulait savoir quelque chose sur ce qui se passait dans la vallée, il ne suffisait pas simplement de s’approcher et d’écouter le ru’u, il lui fallait aussi le comprendre.
Plus récemment Joseph Kaiha de Ua Pou a composé un ru’u amusant et rythmé dont voici un extrait :
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RU’U PA’O I’OI ( © J. KAIHA)
… / …
Heruruu…
Heruru’u te henua i te pa’io’io..o..o..ohio
O te pahu ‘utu ‘utu ohio ‘io’io
O te pahu ‘utu ‘utu ohio ‘io’io
Heruru’u te henua i te pa’io’io
Mauitikitiki matatiki e
Tu te’akau hakahika e
Ua rere ua rere te manu e…
Ta’eke, ta’eva te vaka o te moana
Moerau aririi vererau ruuruu
Kehu hekeruu matatiki e…ho!
Manamana ia mai, to ‘oe vaka te moana e
Ua vaka te moana, ua aka te mevaha e a te tama e
Vakamana ia mai e…he!
Hakamana ia mai e…ho!
Manamana ia mai tepa’io’io
Kehu hekeruu matatiki e
Moerau aririi, vererau ruuruu
Kehu hekeruu matatiki e…ho !
Ecoutez ce chant marquisien adressé à un esprit malin du genre petit diablotin…
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Joseph Kaiha nous conte la légende de la Création des iles Marquises (movie flash youtube ou audio en mp3) ; ci-dessous, une autre variante de la légende)
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joseph-kaiha-nous-conte-la-legende-de-la-creation-des-iles-marquises.1231299002.mp3
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Le soleil brillait sur la mer
Les légendes, les histoires appartiennent à ceux qui savent les dire… Et aussi à ceux qui savent rêver en les écoutant. Alors, accompagné du fond sonore des tambours qui, au loin, rythmaient les chants de la koika enana ressuscitée (autrefois la grande fête marquisienne, à caractère d’ostentation, sur une place publique à gradins aménagée spécialement et appelée tohua koika), dans le murmure du ressac de la plage proche, sous la voûte dorée des myriades de constellations qui font la magie de la nuit des îles, René Haiti Uki entreprit de conter sa version de la création du Fenua Enata, la Terre des Hommes, connue en Occident sous le nom d’îles Marquises…
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Eia i na po omua E pohue a’a Oatea me ta ia vehine o Atanua …
Il y a longtemps, longtemps, le soleil brillait sur la mer,
mais dans la mer il n’y avait pas d’île.
Vivaient en ce temps-là Oatea et sa femme Atanua .
Ils n’avaient pas de maison.
Puisqu’il n’y avait pas d’île
Pour construire les maisons.
Alors Atanua dit à son mari :
« On ne peut pas bien vivre sans maison. »
Oatea ne répondit pas.
Il pensait :
« Comment vais-je faire pour construire une maison ? »
Oatea invoqua les dieux, ses ancêtres.
Un soir, il dit à Atanua :
« Cette nuit, je vais construire notre maison.
Maintenant je sais comment faire. »
II faisait nuit.
La voix d’Oatea s’entendait seule dans le noir.
Il dansait et chantait :
Aka-Oa e, Aka-Poto e, Aka-Nui e, Akaïti e, Aka-Pito e, Aka-Hana e, Haka-Tu te Hae.
L’invocation finie, le travail commença.
L’emplacement fut choisi : dans le milieu de l’Océan.
Deux piliers furent dressés : Ua Pou.
Une longue poutre fut placée sur les deux piliers :
Hiva Oa.
Alors il fallut assembler les piliers, la poutre.
Le toit devant et le toit en arrière, Te ka’ava ao, te ka’ava tua.
C’est Nuku-Hiva.
La maison est couverte de feuilles de cocotiers tressées, Fatu.
La maison était grande.
Il fallait neuf feuilles de cocotier tressées
Pour la couvrir dans sa longueur :
O Fatuiva.
C’est long le travail de tresser les feuilles de cocotier.
Et de faire de la corde avec de la bourre de coco.
Le temps passe, il passe vite.
Oatea travaille, travaille sans arrêt.
Soudain Atanua crie à son mari :
« La lumière du jour commence à éclairer l’horizon du ciel. »
O Tahuata.
« Moho l’oiseau du matin chante déjà »
Mohotani.
Oatea sans s’arrêter répond :
« Je finis. Il me reste à creuser un trou
Pour y mettre tout le surplus de feuilles
Et de bourre de coco » :
O Ua Huka.
Alors le soleil se lève et illumine l’Océan.
Voici la maison construite par Oatea.
Atanua sa femme s’écrie :
Ei, ei, ei, ua ao, ua ao, O Eiao.
Ua Pou,
Hiva Oa,
Nuku Hiva,
Fatu Hiva,
Mohotani,
Tahuata,
Ua Huka
et Eiao,
voici donc les îles ruisselantes de lumière dans le soleil levant.
Texte de Jean-Louis Candelot
TE KĀKAA
Kākaa kai pepe
Kākaa noho haè
Kākaa māìta
Rere ma he àma
Kākaa rere pu
Ma he pāpāoa
Kākaa koi pu
Ia puà te àma
Kākaa pāpāuō
Taki tuìtuì
Pakakina to èo
Kākaa rurui
Kākaa kaipekā
Tōtoi te èo
Veò pōpororō
Kākaa ènana
CM2 CSP HAKAHAU 2002 Concours d’écriture de l’Académie marquisienne
TE PUA KĀÙPE
Kekaa māoi te pua kāùpe
Mei to he vao mai i no he puaina
O tēnei tau kui tuehine
Kāièia e ta àtou tau ahana
Auē te kekaa o tēnā pua
Puàha nei i te māhina no Avea
Tihe i te māhina no Ūaòa
Hinenaòia e te puke hoa
Classe de 6è, Atuona, Hiva Oa
TE PUA KĀÙPE
E ùmihi nei
Au ia òe
Te pua kāùpe
I hea to noho
Ua tani te èo
Mei ùna mai
Eia au nei
I Vaiàni e
CE1 no Puamau – HIVA OA
Concours d’écriture de l’Académie marquisienne 2002
TE KEUKEU
Keukeu vaè io ù
Mea taùtaù
E kere to īa
E ùumitia
I te āva fanau
To ù kooūa
Haapei te umu
No te tao ia īa
Hano i te, keukeu
Tei humutia
I to he pāpua
Pohoè ! Te keukeu
CM1 Atuona – HIVA OA Concours d’écriture 2002 Académie Marquisienne