Marquises : « Mers du Sud, Jessie Aline Bee » au Musée Henri-Martin à Cahors ( 22 octobre • 24 décembre 2010)

jessie_bee.1285180706.jpg      Palette de Jessie Bee –  Esquisse à l’encre  – Collection Jean-Charles Blanc

 

 

Née en 1896 en Nouvelle-Zélande, à la suite d’une rencontre amoureuse que fit Paul Gauguin au cours d’une escale à Auckland en août 1895, Jessie Bee disparut en 1942.

Elle vécut une vie d’aventures entre New-York, Paris et Berlin et voyagea un temps dans les mers du Sud. Au cours de ses escales, précédéepar sa réputation, elle fut l’amie et parfois l’égérie d’artistes et écrivains tels Duchamp, Man Ray, Maugham, Murnau, Picabia, Breton, Matisse, Elshemius et d’autres encore…

Sans l’œil averti de Jean-Charles Blanc, les œuvres de Jessica Aline Bee -alias Jessie Bee seraient restées cachées ou du moins réservées à un petit nombre de privilégiés. En effet, l’artiste préféra renoncer un temps à sa « carrière » pour faire connaître dans les musées, les centres d’art et les galeries du monde entier, l’étrange découverte qu’il fit lors d’un voyage aux îles Marquises. C’est cette collection composée de planches archéologiques, croquis, planches photographiques, peintures, livres que Jean-Charles Blanc présentera aux côtés de ses propres objets pour la première fois aux visiteurs du musée.

 

 

Musée de Cahors Henri-Martin

792, rue Emile-Zola – 46000 Cahors

Tél. 05 65 20 88 66

musee@mairie-cahors.fr

Service éducatif : Tél. 05 65 20 88 68

Ouverture tous les jours de 11h à 18h (sauf mardi)

Dimanches et jours fériés de 14h à 18h, fermé le 1er mai

http://www.mairie-cahors.fr/musee

Source : Mairie de Cahors

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Tahuata (îles Marquises) en 1774 : Huiles et gravures de William Hodges

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Vue de la baie de la Résolution [Tahuata] dans les Marquises Peinture sur toile 495.3 x 635 mm  © National Maritime Museum, Greenwich, Londres, Ministère de la Défense

Les peintures du Pacifique de William Hodges célèbrent l’exploration britannique. Ce peintre paysagiste a été nommé par l’Amirauté pour enregistrer les lieux découverts au cours du deuxième voyage de Cook entrepris avec la «Résolution» et l’ « Aventure », de 1772 à 1775. Il réalisa principalement des dessins et des croquis  qui ont servis de base pour d’autres plus formels et convertis beaucoup plus tard en gravures dans le récit officiel du voyage de Cook. W. Hodges a également fait quelques peintures à l’huile sur le voyage mais la plupart, en particulier les tableaux les plus grands, ont été peints à Londres à son retour. Le National Maritime Museum détient 26 huiles relatives au voyage, dont 24 ont été peintes pour l’Amirauté ou acquises par elle.

L’objectif principal de Cook lors de cette expédition était de localiser, si possible, le fameux mais inconnu continent austral, et de développer les connaissances des îles du Pacifique central. Les enregistrements de Hodges des profils côtiers ont été en partie importants pour des raisons de navigation.

Cette toile   « View of Resolution Bay in the Marquesas » a été peinte sur place. Ces peintures de Hodges montrent l’influence de la pratique de prendre à bord des navires des profils côtiers : une technique pour laquelle les officiers ont été régulièrement formés. D’ailleurs l’enseignement était l’une des tâches de William Hodges sur le navire. Toutefois, ces œuvres sont remarquablement peu conventionnelles de la tradition artistique de la peinture de paysage et elles montrent singulièrement la tentative d’un artiste occidental se frottant pour la première fois aux effets de la lumière dans l’hémisphère Sud.

Le traitement pittoresque de Hodges des terres exotiques et son habileté dans le rendu des effets de lumière sont particulièrement illustrées par les tableaux comme  « Vue du Cap de bonne-espérance » , «Monuments sur le île de Pâques» et « Vue dans la province de Oparee, Tahiti ». Le premier a été peint in situ en 1772. Son travail pour l’Amirauté se termine à la fin de l’année 1778 et en 1779, il s’embarqua pour l’Inde.

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The « Resolution » in the Marquesas, 1774

Le canot en arrière-plan est d’un type connu dans les Marquises, et suggère que Hodges fait ce dessin d’un bateau, alors que la «Résolution» était à l’ancre dans la baie de Tahuata. En théorie, cette oeuvre doit dériver de la collection de l’Amirauté, mais de cette collection bon nombre des dessins des voyages de Cook ont été  par la suite dispersés et la provenance détaillée de celui-ci n’est pas connu. Il a été acheté pour le Musée de Colnaghi de Londres en juillet 1957 par l’Association pour la recherche marine (MacPherson Funds).

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Woman of Santa Christina – Drawn from nature by W. Hodges – Engraved by J. Hall – Published Feb. 1st 1777 London

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This finely engraved original antique print of a woman of Santa Christina Island was engraved by Robert Benard and was published in French edition of Cooks voyages in 1785

Lien :  William Hodges (1744 – 1797) © National Maritime Museum, Greenwich, London

Les musées de Metz Métropole présentent du 16 janvier au 30 mars 2009 une exposition intitulée : « La massue des Marquises »

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La massue des Marquises

    Premier opus du nouveau cycle « Inventaire à la Prévert », cette exposition est organisée autour d’une très belle et énigmatique massue en bois provenant des îles Marquises en Polynésie. À la fois arme véritable et symbole de pouvoir, l’objet comporte d’étonnants motifs sculptés caractéristiques de l’art marquisien. Conservée dans les réserves des musées de Metz Métropole, cette arme est présentée pour la première fois.                                                      

la-massue-des-marquises-musee-metz.1232957652.jpgDes dessins, des gravures, des livres et des cartes anciennes, datant essentiellement des 18ème et 19ème siècles, expliquent la provenance, la fonction et le contexte de cet objet très éloigné de nos propres références culturelles et esthétiques. Complétant la présentation, deux exceptionnelles statuettes en bois d’une divinité marquisienne sont mises en relation avec la massue. Quelques textes introductifs permettent de faire le lien entre les documents présentés et la massue placée au centre de l’exposition.

    Cette exposition a aussi pour objectif d’évoquer les « terres lointaines » et les grands voyages qui ont mis aux Européens en contact avec ces territoires et ces populations aux traditions si différentes.

    Cette exposition bénéficie des prêts consentis par quatre institutions détenant des œuvres majeures permettant d’éclairer l’histoire et le parcours de la massue de Metz. Il s’agit de cartes anciennes et d’ouvrages de James Cook conservés à la médiathèque du Pontiffroy, à Metz ; de statuettes prêtées par le musée de la Castre, à Cannes ; de dessins originaux et de gravures provenant du musée des Beaux-Arts de Chartres ; de photographies anciennes et de dessins originaux prêtés par le département Marine du service historique de la Défense, à Vincennes.

    Ainsi inauguré, le cycle de petites expositions intitulé «Inventaire à la Prévert» sera prioritairement consacré à la présentation d’œuvres conservées dans les réserves du musée. Il s’agit d’objets méconnus, souvent singuliers et rares. Ces objets n’ont jamais été montrés ou ne l’ont pas été depuis très longtemps. Le choix des œuvres sera volontairement éclectique et, essentiellement, hors des grands domaines patrimoniaux pour lequel le musée est principalement connu. Ainsi les collections ne faisant pas l’objet de présentations permanentes seront-elles privilégiées : ethnologie, histoire naturelle, souvenirs historiques …

    Cette manifestation est accompagnée d’un petit journal présentant l’objet en détail et fournissant des éléments d’explication, textes et images, sur son contexte culturel, historique et les circonstances de son arrivée à Metz.  

    L’iconographie contenue dans ce petit journal, pour partie différente de celle de l’exposition, est un complément et un prolongement de la visite.

    Deux Visites Passion sous la conduite du commissaire de l’exposition auront lieu le dimanche 25 janvier à 15h00 et à 16h00 (réservation obligatoire).

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Source http://musees.ca2m.fr/site/medias/Ressources_presse/DP-marquises.pdf  & http://musees.ca2m.fr/site/element_111.php

Marquises : île de Ua Pou, chapelle de Hohoi, la fresque de Garrick Yrondi

     Après une formation aux Beaux-Arts de Naples, Garrick Yrondi s’installa aux Marquises où il vécut pendant plusieurs années en harmonie avec la Terre des Hommes, pêchant et chassant, s’émerveillant à chaque instant de la beauté des îles et de la grande générosité de l’accueil marquisien. Il a réalisé cette fresque « L’Annonce faite à Marie » dans la chapelle de Hohoi à Ua Pou, œuvre que l’artiste semble-t-il offrît à la communauté. Les habitants du village (qui n’étaient que 49 à ce moment-là) peuvent se reconnaître dans les scènes de la vie quotidienne tels ces deux pêcheurs qui reviennent portant au bout de leur rame, des grappes de poissons… « C’est mon grand-père, le deuxième, il est toujours vivant » me confie une jeune adolescente heureuse du plaisir que j’ai à découvrir ce tableau magnifique caché au fond d’une vallée, totalement ignoré des touristes, comme uniquement réservé au recueillement. Elle se souvenait de l’artiste et de sa présence dans la vie du village à l’époque de la création de la fresque, mais elle avait oublié son nom. Garrick Yrondi vit actuellement à Bora Bora.

Correspondance (mai 2006) avec l’auteur de la fresque :

J’ai été ému et admiratif lorsque j’ai découvert cette œuvre à Hohoi. Les jeunes gens de là-bas, la première fois que je les ai rencontrés, ne pouvaient se rappeler votre nom. Récemment c’est le tumu pure qui m’a renseigné correctement.

En fait j’aurais dû penser à vous  puisque j’ai souvent vu vos œuvres à la Galerie Winkler à Papeete, plus particulièrement vos grands découpages en 2002.

Votre œuvre dans l’église de Hohoi m’a renvoyé à Cocteau, à la chapelle qu’il avait décorée dans le midi de la France !

Il y  si peu de touristes (du cargo Aranui et du paquebot Gauguin) qui connaissent cette fresque à Hohoi. Qu’en pensez-vous ? Peut-être que cela vous laisse indifférent.

Les enfants de Ua Pou ont là quelque chose d’admirable à voir pour découvrir l’art.

La petite église de Hohoi va être agrandie car il y a maintenant presque 80 habitants dans le village, la fresque sera  totalement conservée puisque c’est du côté de la rivière que l’extension se fera, du côté du mur où il n’y a aucune fresque.

Je vous remercie de l’attention que vous portez à ce message  et sincères salutations.

Réponse de l’artiste :

     C’est avec une joie dense que j’ai parcouru votre blog ; cela m’a ramené à ma dernière année passée aux Iles Marquises.

     La réalisation de cette fresque à pris trois mois, une aventure initiatique, qui m’a fait comprendre la magie qu’opère l’image, quand on n’a rien ! Et l’apaisement que donne la parole devant un milieu aussi elliptique que peuvent être les îles Marquises.

     Je dois cela, au discernement de Monseigneur Le Cleac’h qui était venu me rendre visite dans l’atelier que j’avais à l’époque à Taiohae.

     Les fresques ont bien failli disparaître… A la demande de Monseigneur  Le Cleac’h ,je suis allé les restaurer en 2001.

     Monseigneur était désireux que je décore la grande église de Hakahetau, j’attends depuis que le père Michel se prononce, peut être a-t- il d’autres intérêts…

     Ua Pou est l’île que je préfère, elle me donne de l’énergie ; Hohoï m’est nécessaire quand je suis dans le creux de la vague. Je la vois Jaune et la population si nous l’écoutons parler a un accent chantant…

     Bien sûr, ma vanité n’est pas satisfaite par l’ignorance que portent les touristes quand ils visitent l’île. Mais ce n’est pas le but que je recherche.

     Je vois cela comme une mission ; et puis il faut vous dire que les Marquises ont été un parcours qui m’a initié, pour me donner une vue de l’esprit qui répond à mes interrogation profondes. Voilà,

     Merci pour l’intérêt que vous apportez à mon travail, et peut être, je le souhaite, à sortir de l’oubli cette image  d’une histoire qui dure depuis des siècles…

     Cordialement. Garrick Yrondi le 28 mai 2006.

Le tambour marquisien, te pahu

Te Pahu, le tambour d’une civilisation, de tout un peuple qui ressent son résonnement jusqu’au plus profond de ses entrailles, ce symbole de la culture marquisienne avait quasiment disparu. Il a subi tout comme les autres symboles de la culture « Enana », une concurrence déloyale avec ceux du monde des « Hao’e ». Après un siècle de quasi absence, il revient au début des années 1960.

Historiquement, le « pahu » tenait une place d’honneur dans la société marquisienne. Il rythmait la vie au quotidien.

Plusieurs types de «pahu » existaient avec une apparence et une fonction spécifiques. Ainsi, ils se différenciaient comme ceci :

Pahu mea’e, le plus grand des tambours faisant plus de deux mètres de hauteur  sur lequel deux « moa », serviteurs du « tau’a »  le prêtre, frappaient lentement en cadence avec le poing fermé ou les mains plates. Ces tambours étaient placés en contre bas d’une plate-forme en pierre. Les batteurs debout sur le « paepae » étaient alors à bonne hauteur.

Pahu’ua, un grand tambour double.

Pahu topete : long et étroit servi par un seul exécutant.

Le « tutu » : petit tambour pour accompagner les grands, les battements

Sont plus rapides et les doigts entrent enjeu.

Pahu oe’oe : petit tambour réservé à l’accompagnement des chants.

Ils étaient fabriqués par le « tuhuka a’aka pahu » qui utilisait un tronc de mi’o ou de cocotier évidé, longuement frotté au « pani », recouvert d’une peau de requin tendue par de cordelettes de «pu’u ».

Ainsi les «pahu » résonnaient pendant plusieurs heures sur le « tohua » lors des fêtes invitant les tribus voisines, redoublant de résonance pour les accueillir. Le «pahu » exprimait encore toute sa force lors des repas pantagruéliques où parfois jusqu’à une centaine de porcs étaient sacrifiés pour l’occasion. Le jour de l’union entre un jeune homme et une jeune femme,   le futur marié accompagné par ses amis, s’approchait de la maison en faisant raisonner le «pahu ». Réunis dans une étoffe de « tapa », le jeune couple reçoit les « tau’a » au son du «pahu mea’e » qui entre en scène. Les « Tau’a » scandent des cantilènes des heures durant dans un dialecte qui leur est propre. Des mets sont offerts à la famille de la femme et un autre «pahu » bat le rappel sur le « tohu’a ko’ika ». Tels sont les fragments du savoir sur l’utilisation ancestrale du « pahu ».

Aujourd’hui le «pahu » apparaît dans toutes les manifestations culturelles, religieuses, touristiques et autres. Il résonne pour annoncer le début d’un événement, pour inviter la population à une fête, pour accueillir des invités de marque ou pour la préparation d’un spectacle.

Il rythme les chants et les danses. Il réapparaît en grand nombre à chaque manifestation culturelle. On ne conçoit pClus une danse sans le « pahu » car il contribue de nos jours à démontrer la spécificité de la culture marquisienne.

On suppose qu’autrefois, les batteurs de «pahu » étaient des initiés, mais aujourd’hui les batteurs s’intéressent dès leur plus jeune âge au «pahu ». Ils deviennent performants après des heures de répétitions.

Peu de personnes connaissent les techniques de fabrication d’un « pahu ». La préparation pour ce festival fut une occasion de transmettre ce savoir à toute génération.

Retrouver les techniques des anciens en examinant de près les pahu, les tambours anciens conservés dans les musées, intéressent quelques passionnés, les nouveaux « tuhuka a’aka pahu ». « C’est l’ensemble du choix des matériaux qui caractérise un bon pahu…et le rendra unique ». Fabriquer un bon tambour comme autrefois exige un savoir-faire. Il faut respecter les proportions. « Tu as l’impression que le volume est le même de haut en bas, voire plus grand en haut, mais en réalité il est beaucoup plus fin en haut qu’en bas ! » déclare Tuarai Peterano, le sculpteur de Hiva Oa. « Il faut ne jamais fendre en deux le bois du tronc dans lequel on va creuser la caisse ». Le tumu me’i, l’arbre à pain, est le meilleur bois pour une bonne sonorisation du pahu. Mais le temanu, le tou, le miro… peuvent aussi donner de bons tambours. Si on utilise aujourd’hui la peau de bœuf ou de chèvre, la peau de requin présente de meilleures qualités sonores et d’usure. Mais il faut alors trouver la peau et celui qui saura la préparer, tresser les liens avec de la fibre de bourre de coco. Il faut tout étudier, pour obtenir la meilleure sonorité : le système des attaches, caller le nombre de trou dans la peau, la répartition pour que cette peau tendue fasse corps avec les points d’ancrage sur le bois. C’est un travail long, de plusieurs mois pour un grand pahu.

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Tambour des îles Marquises

Début du XIXe siècle

Bois, étoffe d’écorce, fibre de coco, peau, fibres végétales

H.: 112 cm

Lille, MHN: 990.2.1141

Acquis en 1850; ancienne collection Alphonse Moillet (Notter et al., 1997, p. 57-64).

Exemple extrêmement rare de tambour complet avec son enveloppe et ses attaches. Onze feuilles d’étoffe d’écorce non décorée placées verticalement entourent la caisse. Les motifs sont constitués par des fils de « trame » irréguliers en cordelettes noires et bruns/rouges de fibre de coco tressé. Une « ceinture » et une «jupe » sont constituées par six feuilles verticales d’étoffe d’écorce. Les huit pieds présentent des attaches en fibre de coco à la base et sont retenus sous la jupe par un cerceau en bois, auquel sont attachées les cordes verticales cachées qui tendent la peau de poisson. Il existe une cavité entre la caisse et la base creuse.

L’anthropomorphisme du tambour est ici évident et permet d’avancer l’hypothèse selon laquelle le tambour est considéré comme l’image d’un dieu faiseur de son. Un exemplaire comparable, mais en partie détérioré, a été décrit par Panoff (1995, p. 124).

In Arts et Divinités 1760-1860 Steven Hooper 2008

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Ce phénoménal objet est un tambour de 2,45 mètres de haut dont on ne connaît au monde qu’un seul autre exemplaire plus petit, conservé au musée de Tahiti. Doté d’une circonférence à la base de 45 cm, il est taillé d’une seule pièce dans un tronc de cocotier. La membrane est constituée d’une épaisse peau de requin, tendue par de grosses tresses en fibres de bourre de coco. Ces fibres sont fixées indirectement à la membrane, au moyen d’un laçage complexe de cordelettes plus fines, la technique utilisée étant typique des îles Marquises. Une belle tresse plate entoure le tambour vers sa base, venant maintenir les cordes de tension.

Il était utilisé au cours de cérémonies qui se déroulaient dans un espace nommé me’ae. Il s’agissait d’un lieu tabou dont l’accès était réservé aux prêtres et aux personnes de haute lignée. Il servait lors des célébrations des cérémonies funéraires au cours desquelles des sacrifices humains étaient pratiqués. Il était constitué de plusieurs terrasses en pierre entourées de statues, les tiki, représentations des ancêtres déifiés.

Le tambour, appelé pahu me’ae, était placé au pied d’une plate-forme. Les batteurs se tenaient sur la terrasse supérieure. Ils étaient accompagnés de tambours plus petits, de 1,60 mètre de haut, les pahu vanana, et de conques marines, les putona.

Ce magnifique tambour est un don fait au Muséum  de Grenoble en 1846 par Henri Murgier, alors juge suppléant au tribunal de Tahiti.  Il a été restauré en 2007 et est actuellement présenté au public dans la salle d’accueil du muséum. Karl von den Steinen en a publié une description dans Die Marquesaner und ihre kunst primitive Südseeornamentik (1925).