

Situées à 5500 km de Los Angeles, à 4000 km au sud de Hawaii, 7500 de Sydney, 6500 de Santiago du Chili, et à 1400 km au nord-est de Tahiti, les Marquises (archipel composé de 12 îles dont 6 sont habitées) sont les îles les plus éloignées de tout continent. Entre traditions et modernité, entre ciel et mer, Ua Pou, Hiva Oa, Nuku Hiva, Fatuiva (Fatu Hiva), Mohotani (Motane), Tahuata, Ua Huka et Eiao, les îles Marquises, Terre des Hommes, Te Fenua Enata, Te Henua Enana, the Marquesas Islands. Blocs de lave surgis du Pacifique, ces îles hautes composent un paysage dentelé à la beauté sauvage et envoûtante. Les Marquises s'offrent dans leur rudesse, brutales et authentiques…



L’intransigeant 22 janvier 1938 Sauvons les Marquises René Hamon

La photographie originale de cette Marquisienne tatouée de Hiva Oa ne montre aucun tatouage sur le visage. Le maquettiste du journal n’ayant aucune connaissance des tatouages des îles Marquises a, inintelligemment, cru bon d’ajouter des signes bizarres voire cabalistiques sur la photo.

L’Intransigeant 20 janvier 1938 Article de Renée Hamon

in L’Intransigeant du 19 janvier 1938 – Article « PACIFIQUE 1938 VII » par Renée HAMON
À l’extrême pointe de l’Europe et d’une péninsule étirée entre mer et océan, Chemins du patrimoine en Finistère réunit cinq sites patrimoniaux majeurs et tisse entre eux les liens d’une nouvelle politique culturelle.
Le projet culturel de « Chemins du patrimoine en Finistère » : la diversité culturelle
Dans un monde qui tend à uniformiser et à gommer les distances, les temps et les lieux, la question de la diversité est au cœur du projet culturel de l’Établissement public de coopération culturelle Chemins du patrimoine en Finistère. Cette question s’envisage dans le contexte de la Bretagne, d’une culture qui a su préserver ses traditions sans se départir d’une ouverture au monde et à la modernité. L’enjeu de ce projet réside dans ce double mouvement : le maintien d’un espace et d’un temps en prise avec l’ici sans oublier l’ailleurs, le proche sans oublier le lointain. La (re)connaissance des cultures est une condition de cette diversité.
Le projet ainsi défini donne un cadre aux expositions de l’Abbaye de Daoulas en même temps qu’il spécifie et oriente la « rencontre » des cultures autour du rapport à la fois banal et complexe entre le Même et l’Autre et la façon toute aussi complexe dont il peut être envisagé dans sa restitution aux publics.
En 2011, l’exposition « Rencontres en Polynésie, Victor Segalen et l’exotisme » aborde la rencontre avec l’Autre par le biais du premier grand voyage que fit l’écrivain breton en 1903-1904 en Polynésie.
Philippe Ifri, directeur général
George-Daniel de Monfreid (1856-1929) Portrait de Victor Segalen, 1909 Huile sur toile Collection particulière. La toile peinte dans l’atelier de Monfreid, 4 rue Liancourt à Paris, représente Segalen lisant une Histoire de la Peinture française sur fond d’œuvres de Gauguin données à Monfreid : La Barque et l’Idole à la perle, bois sculpté à Tahiti, aujourd’hui au musée d’Orsay.
La pensée de Victor Segalen constitue un outil étonnamment actuel d’exploration pour la rencontre avec l’Autre. Il renouvelle radicalement la notion d’exotisme au début du 20e siècle et la modernité et la singularité de sa pensée persistent encore aujourd’hui. Très tôt dans son œuvre, il soulève le problème des cultures et des traditions extra-européennes en voie de disparition sous l’effet de la colonisation (poids économique et joug religieux imposés par les colons). La vision d’une culture en déclin (en l’occurrence les Maoris) lui fait « comprendre que, désormais, sa tâche sera de sentir et d’exprimer la saveur du Divers » en explorant le monde.
L’exposition met l’accent sur la période polynésienne de la vie de Segalen, avant ses grands voyages en Chine. Elle présente des œuvres et des objets européens, en dialogue avec des pièces venues de Polynésie, jouant la carte du « mélange d’exotismes ».
Îles Marquises Tiki, 19e siècle Boulogne-sur-Mer, Château-Musée. Cet objet a été offert par Ernest Hamy, fondateur du musée du Trocadéro, au musée de Boulogne en 1878. Il s’agit d’un magnifique exemple de tiki de bois au visage encore marqué par les ciselures du tatouage.
Le Breton débarque aux îles Marquises en 1903, il a vingt-cinq ans, et y découvre une culture pour laquelle il se passionne. Au contact de ses habitants, il élabore peu à peu une nouvelle conception de l’exotisme, qui trouve parallèlement sa source dans l’art de Paul Gauguin, profondément admiré par Segalen. Revêtant le costume de l’ethnologue, il écrit un roman publié en 1907, Les Immémoriaux, par lequel il tente de raviver les anciennes traditions polynésiennes qui sont, selon lui, sur le point de disparaître. À travers ce texte, Segalen donne la parole aux « naturels » eux-mêmes, qui témoignent dans le passé comme dans le présent des échanges et des relations qui se sont noués entre les indigènes et les « hommes à la peau blême ».
La Bretagne quant à elle apparaît comme le seuil de la découverte de lointains mystérieux, comme une première étape vers un retour aux origines, mythe très prégnant dans l’histoire de la pensée européenne dont Segalen ne se départit pas. Mais le désir de voyage et de confrontation avec le Divers naît aussi à cette époque d’un ensemble de phénomènes culturels et sociaux importants : la littérature et les arts orientalistes, les Expositions universelles, le développement de la philologie et de l’anthropologie.
L’exposition a pour ambition de vérifier la modernité des idées de Segalen au début du 20e siècle, dans un contexte colonial qui mêle conquêtes marchandes et territoriales et discours sur l’altérité. Elle invite également le visiteur à s’approprier ces idées pour évaluer leur résonance aujourd’hui. Elle souhaite enfin montrer la part de métissage qu’ont connue les sociétés des mers du Sud, sans nier la violence dont elles ont été les victimes.
Article publié avec l’autorisation des Chemins du patrimoine en Finistère
Exposition : du 22 avril au 6 novembre
Avril, mai, juin, octobre et novembre :
tous les jours (sauf le lundi) de 13h30 à 18h30
Juillet et août :
tous les jours de 10h30 à 18h30
Septembre :
jusqu’au 18, tous les jours de 10h30 à 18h30
à partir du 19, tous les jours (sauf le lundi) de 13h30 à 18h30
Îles Marquises Bracelets de cheveux humains, vers 1840-1844. Rochefort, musée d’Art et d’Histoire. Ces pièces ont été rapportées par l’océaniste Pierre-Adolphe Lesson au 19e siècle. Les bracelets de cheveux (parfois ceux des victimes de guerre) servaient comme ornement de poignets des grands chefs, qui, par ce biais, s’accaparaient la force du vaincu.
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Catalogue de l’exposition :
Rencontres en Polynésie – Victor Segalen et l’exotisme
Ouvrage sous la direction de Roger Boulay et Patrick Absalon
coédité avec l’Abbaye de Daoulas (Finistère)
Exposition à l’abbaye de Daoulas (Finistère) du 22 avril au 6 novembre 2011
Editeur : Somogy 192 pages, 160 illustrations broché avec rabats 22 x 27 x 1,6 cm Poids : 930 g 35 €
Code article ISBN-9782757204627 paru le 4 mai 2011.
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Dossiers Enseignant Presse
Copyright Les chemins du patrimoine en Finistère
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Lors du Vème festival des îles Marquises, en décembre 1999, il fut présenté dans la bonne humeur une série de sketchs racontant à la manière locale des faits de l’histoire des îles Marquises. Ces scènes ayant été filmées et diffusées sur les ondes de RFO, toute la Polynésie a pu en prendre connaissance. Deux grandes figures rebelles du passé furent évoquées : celles du « roi » Iotete de l’île Tahuata et celle du chef de guerre de Nuku Hiva Pakoko. L’histoire de Iotete est assez bien connue ; mais celle de Pakoko ne l’est presque pas. Pourtant la dignité, le courage et la droiture incontestables de ce chef marquisien devrait servir de modèle pour tout jeune Polynésien d’aujourd’hui, surtout que les témoignages publiés ci-dessous sont irréfutables. Il ne s’agit pas, dans cet article, de raviver un quelconque passif, mais de restituer l’Histoire aux populations telle qu’elle a été (et non telle qu’on voudrait qu’elle ait été) et qu’il faut assumer les brûlures de celle-ci. Il s’en dégage de grandes leçons, qui permettent de mieux comprendre le message d’espoir que vivent les populations actuelles à travers la reconnaissance de leur culture et de leurs particularismes au sein de l’entité de la Polynésie française. Il me paraît temps, surtout pour la génération montante, de la considérer assez adulte pour assumer l’héritage de son legs, aussi triste ait-il été à certaines époques. Et certainement, comme dans les histoires d’amour, étant bien informée sera-t-elle à mieux de pardonner.
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L’annexion militaire de l’archipel des îles Marquises par la France au milieu du XIXème siècle ne se passa pas sans quelques heurts avec les populations locales : au groupe Sud, à Tahuata, le « roi » Iotete déclara la guerre aux Français, assiégea le fort de leur garnison au fusil et au canon et dix sept marins et officiers devaient y perdre la vie. Dans le groupe Nord des Marquises, à Nuku Hiva, le chef Pakoko commandita le massacre de cinq soldats à Taiohae, le 28 janvier 1845. Le 21 février, après toute une série de représailles envers la population, Pakoko se rendit avec trois de ses guerriers au lieutenant Almaric, lequel commandait la garnison. Il fut jugé dans les formes légales et fusillé. De ses trois complices, l’un fut acquitté, les deux autres condamnés à la déportation à Eiao où ils y restèrent jusqu’en 1852.
Pakoko était chef de guerre à Nuku Hiva ; son influence y était grande et certains étrangers voyaient en lui l’homme qui possédait la stature pour prétendre à être reconnu comme roi de l’île, davantage que le « roi » Temoana qui était une création de circonstance pour servir à la légitimité des actes de prise de possession de l’île. Il est certain que Pakoko représentait la seule véritable opposition à l’ordre nouveau représenté par Dupetit-Thouars et les missionnaires.
Les circonstances qui ont amené l’ouverture des hostilités entre les Marquisiens de Nuku Hiva et les troupes françaises, n’ont été et ne seront jamais parfaitement élucidées. Selon l’écrivain de marine Max Radiguet1, Pakoko aurait été humilié du fait que ses filles n’auraient pas été admises à monter à bord des navires de guerre au mouillage. Selon la vox populi, qui étrangement subsiste près d’un siècle et demi après les faits et continue de colporter sa version, la plus jeune fille de Pakoko aurait été surprise à la rivière par une bande de soldats venus y laver leur linge et aurait subi leur viol collectif. Cette version s’avère plausible.
Un témoin direct des événements, le soldat G. Winter, raconte dans le style et avec les mots de son époque les événements dans son journal « Un vosgien tabou à Nouka-Hiva », publié dans le Bulletin de la Société de Géographie de l’Est » à Nancy en 1882.
Jean-Louis CANDELOT

René Gillotin – Baie de Taiohae – Décembre 1844

Max Radiguet – Case marquisienne

Radiguet – Rade de Taiohae – Fort Collet à gauche

Max Radiguet – Guerriers Marquisiens

Le Breton – Morai d’un chef à Nouka Hiva

R. Gillotin – Indigenes au corps peint devant leur case -1844

Radiguet – Cases & tohua (taha koika) – Taiohae

Le Breton – Figuier gigantesque à Nouka Hiva – 1836

Le Breton – Corvettes dans la baie de Nouka Hiva

Le Breton – Cases des Naturels à Nouka Hiva – 1836


Radiguet – Taiohae & le fort Collet

René Gillotin – Portrait de Pakoko – Décembre 1844

Rocher contre lequel eut lieu l’exécution de Pakoko

Goupil – Scène funéraire à Nouka Hiva -1836
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Bibliographie :
Candelot, Jean-Louis. « Chronique du passé – 1845 : La mort de Pakoko, chef de guerre et martyr de Nuku Hiva ». Tahiti-Pacifique magazine, n° 113, septembre 2000
Jacquin, François. « De Constantinople à Tahiti : seize ans d’aquarelles autour du monde en suivant René Gillotin ». Paris : Karthala, 1997, 174 pages.
Winter, Georges. « Un Vosgien tabou à Nuka-Hiwa, Souvenirs de voyage d’un soldat d’infanterie de marine». Résumé par J.V. Barbier. Bulletin de la Société de Géographie de l’Est, tome 4. Nancy, 1882
Radiguet, Max. « Les derniers sauvages : la vie et les mœurs aux îles Marquises (1842-1859) ». Paris : Duchartre et van Bugenhoudt, 1929, 240 pages.
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Autre témoignage : La mort de Pakoko, le récit de Maximilien-René Radiguet
Vue de la baie de la Résolution [Tahuata] dans les Marquises Peinture sur toile 495.3 x 635 mm © National Maritime Museum, Greenwich, Londres, Ministère de la Défense
Les peintures du Pacifique de William Hodges célèbrent l’exploration britannique. Ce peintre paysagiste a été nommé par l’Amirauté pour enregistrer les lieux découverts au cours du deuxième voyage de Cook entrepris avec la «Résolution» et l’ « Aventure », de 1772 à 1775. Il réalisa principalement des dessins et des croquis qui ont servis de base pour d’autres plus formels et convertis beaucoup plus tard en gravures dans le récit officiel du voyage de Cook. W. Hodges a également fait quelques peintures à l’huile sur le voyage mais la plupart, en particulier les tableaux les plus grands, ont été peints à Londres à son retour. Le National Maritime Museum détient 26 huiles relatives au voyage, dont 24 ont été peintes pour l’Amirauté ou acquises par elle.
L’objectif principal de Cook lors de cette expédition était de localiser, si possible, le fameux mais inconnu continent austral, et de développer les connaissances des îles du Pacifique central. Les enregistrements de Hodges des profils côtiers ont été en partie importants pour des raisons de navigation.
Cette toile « View of Resolution Bay in the Marquesas » a été peinte sur place. Ces peintures de Hodges montrent l’influence de la pratique de prendre à bord des navires des profils côtiers : une technique pour laquelle les officiers ont été régulièrement formés. D’ailleurs l’enseignement était l’une des tâches de William Hodges sur le navire. Toutefois, ces œuvres sont remarquablement peu conventionnelles de la tradition artistique de la peinture de paysage et elles montrent singulièrement la tentative d’un artiste occidental se frottant pour la première fois aux effets de la lumière dans l’hémisphère Sud.
Le traitement pittoresque de Hodges des terres exotiques et son habileté dans le rendu des effets de lumière sont particulièrement illustrées par les tableaux comme « Vue du Cap de bonne-espérance » , «Monuments sur le île de Pâques» et « Vue dans la province de Oparee, Tahiti ». Le premier a été peint in situ en 1772. Son travail pour l’Amirauté se termine à la fin de l’année 1778 et en 1779, il s’embarqua pour l’Inde.
The « Resolution » in the Marquesas, 1774
Le canot en arrière-plan est d’un type connu dans les Marquises, et suggère que Hodges fait ce dessin d’un bateau, alors que la «Résolution» était à l’ancre dans la baie de Tahuata. En théorie, cette oeuvre doit dériver de la collection de l’Amirauté, mais de cette collection bon nombre des dessins des voyages de Cook ont été par la suite dispersés et la provenance détaillée de celui-ci n’est pas connu. Il a été acheté pour le Musée de Colnaghi de Londres en juillet 1957 par l’Association pour la recherche marine (MacPherson Funds).
Woman of Santa Christina – Drawn from nature by W. Hodges – Engraved by J. Hall – Published Feb. 1st 1777 London
This finely engraved original antique print of a woman of Santa Christina Island was engraved by Robert Benard and was published in French edition of Cooks voyages in 1785
Lien : William Hodges (1744 – 1797) © National Maritime Museum, Greenwich, London
Fort Collet Nuku Hiva – Dessin de Max Radiguet
Source : Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg 3ième volume 1855