Joline, a Hillyard Yacht 12 tonner aux Marquises

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« Dans l’après-midi du 9 mai 2002, nous quittons le sud de Tenerife, derrière « Joline », un bateau français en bois avec à bord Patrick, Viviane et leurs deux enfants, partis deux heures avant nous. Nous avions prévu de faire la traversée ensemble -c’est sympa d’avoir un voilier à proximité avec qui échanger impressions, infos diverses, voire poissons ! – mais après quelques échanges VHF, la nuit est tombée, et avant le matin nous nous sommes perdus de vue et de portée VHF définitivement, c’était réussi… (lu sur Bateaux autour du monde). »

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C’est un beau bateau très confortable mais moins rapide que les autres. Pas étonnant qu’ils se perdent de vue.

Le temps passe, la croisière continue…

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Un beau dimanche matin de février 2009, Patrick, Viviane et leurs trois enfants quittent Ua Pou (Marquises) pour tirer des bords sur le grand Océan et continuer ainsi leur tour du monde à bord de ce vieux et magnifique gréement en acajou et chêne.

Un 12 tonnes de 1960 construit en Angleterre construit par David Hillyard et acheté à Arcachon en 1968. Patrick charpentier de marine restaure le yacht et dès l’été 2001, le couple lève l’ancre de Belle île en mer pour une traversée de l’Atlantique avec un enfant à bord.

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Patrick, travaille aux escales plus ou moins longues selon le  temps qu’il faut  pour refaire la caisse de bord et  l’intérêt qu’offre le pays.

Canaries, Cap-Vert, Guyane, Venezuela, Trinidad et Tobago… puis la Colombie, traversée du canal de Panama retardée de quelques mois et les Marquises.

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En Guyane Patrick fabrique du mobilier moderne avec une nouvelle technologie.

A Trinidad, il remet à neuf  un bateau battant pavillon américain.

A Hiva Oa il fabrique avec une technique différente des savoir-faire locaux, un nouveau modèle de speed-boat dessiné par un architecte naval de Tahiti.

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L’équipage s’est consolidé en route avec l’arrivée d’un deuxième moussaillon né en 2002 au Cap-Vert et précédent le troisième  né quant à lui en 2006  au Vénézuela.

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Brel et les Marquisiennes

     La nuit tombait déjà sur Hanakee Pearl Lodge, et nous évoquions le souvenir qu’avait laissé Jacques Brel aux Marquises. Je racontais à un ami journaliste assis au bar, celui nous qui avait offert la dernière bière de la soirée, ce dont se souviennent les femmes mûres de ces îles éloignées du reste du monde.

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     Les Marquisiennes aujourd’hui mères de famille se rappellent avec émotion Jacques Brel et Madly. Elles étaient jeunes et pensionnaires à Atuona et celles originaires des autres îles de l’archipel ne rentraient qu’une fois l’an chez leurs parents, à la fin de l’année scolaire. Brel emmenait lors de ses tournées avec son avion bimoteur « Jojo »  quelques-unes d’entre elles, à Ua Pou où il atterrissait assez régulièrement. C’est avec bonheur qu’elles étaient ses passagères et elles étaient très heureuses de pouvoir rentrer chez elles  à Noël ou à Pâques plutôt qu’à la sainte Trinité, et plus rapidement sans être soumises à une longue navigation en pirogue, en baleinière,  ou sur une goélette agitée sur une mer parfois déchaînée. Le retour par bateau durait ordinairement plusieurs jours quand il leur fallait débarquer d’abord les autres filles sur leur île.

     Trente ans après, les Marquisiennes gardent un souvenir ému  de Brel et Madly qui ont quelque peu allégé la dureté de leur vie de pensionnaires à l’internat de Sainte-Anne.  Madly donnait des cours de danses et Brel des séances de théâtre et le couple suggéra aux sœurs l’organisation de la première kermesse.

     Son anticléricalisme n’empêcha pas Brel d’avoir de bonnes relations avec les religieuses qui dirigeaient d’une main de fer l’institution la plus importante des Marquises, le pensionnat qui recevait des jeunes marquisiennes très jeunes, parfois dès l’âge de six ans, qui restaient séparées une année entière de leur famille et ce jusqu’à la fin de l’adolescence afin de les soustraire et c’est un fait historique, à la dureté de la vie quotidienne dans ces îles, pour les éduquer à la religion certes  mais   essentiellement à compter des années 20 sous l’impulsion de l’administrateur de l’archipel, le Dr Rollin, pour protéger leur virginité qui ordinairement dans les vallées se perdait bien avant le début de la puberté,  sous  la brutalité des hommes d’une société qui avait perdu tous ses repères.

     Abusées, les femmes devenaient infécondes ou ne pouvaient mener à terme leur grossesse et le peuple marquisien allait totalement disparaître. Ce n’est qu’après 1930 que la courbe démographique s’inversera. Les pensionnaires de Sainte-Anne devinrent des mères de familles nombreuses et elles eurent sans l’assistance médicalisée que l’on connaît aujourd’hui beaucoup d’enfants, de huit à quinze voire plus pour certaines. Brel et Madly ont ainsi rencontré lors de leur séjour à Atuona la seconde génération de cette résurrection démographique alors que le renouveau culturel était encore loin d’être amorcé.